L’islam : une voie universelle


L’universalité de l’islam s’exprime déjà à travers les mots de l’islam. 

Le mot « dîn » ou « religion » est le même terme employé, quelle que soit la religion. Le mot « islam » signifie paix et adhésion à la volonté de Dieu, se dévouer à Dieu. Ainsi, toute personne qui se dévoue à la volonté de Dieu, qui s’efforce, dans sa vie quotidienne, à concrétiser sa sagesse, est « musulmane ». 

Le musulman n’est pas un « mahométan » : ce concept est étranger à l’islam. Il a été fabriqué et diffusé par l’Europe pour rattacher tout l’islam à un homme, comme le « christianisme » se rattache à la personne du « Christ ». Le musulman n’adhère pas à la religion fondée par Muhammad mais à la religion universelle révélée par Dieu et enseignée par tous les prophètes (paix sur eux tous) :

Dites : ‘‘Nous adhérons à Dieu et à ce qui nous a été révélé, à ce qui a été révélé à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob et aux tribus ; et à ce qui a été donné à Moïse et à Jésus ; et à ce qui a été donné aux prophètes venant de leur Seigneur : nous ne faisons aucune distinction entre eux. Et à Lui nous sommes dévoués’’.

Coran 2 : 11-12

Le musulman adhère à tous les messages divins, depuis Adam jusqu’à Muhammad. Suivre le prophète Muhammad, ce n’est pas suivre un « dieu » inaccessible : c’est suivre un exemple humain, à la hauteur de chacun d’entre nous. « Je ne suis qu’un être humain » n’a cessé de répéter le prophète Muhammad :

Dis : ‘’Je ne suis qu’un homme comme vous. Il m’a été révélé que votre Dieu est un Dieu Unique. Cherchez le droit chemin vers Lui et implorez son pardon’’.

Coran 41 : 6

Cet être humain nous a montré à tous comment faire marcher la sagesse universelle du Coran dans la vie quotidienne. 

Comme Dieu est Un, les prophètes et messagers de Dieu forment une communauté unie, porteuse d’un Message universel, malgré la diversité de leurs contextes culturels :

Dis : ‘’ C’est Lui, Dieu l’Unique, Dieu le Suprême Refuge, qui n’a jamais engendré et qui n’a pas été engendré, et que personne ne peut égaler’’.

Coran 112 : 1-4

Reconnaître que Dieu est Un, c’est reconnaître que les prophètes sont une seule et même communauté, porteuse d’un Message commun. C’est reconnaître aussi que la famille humaine est une, au-delà de ses couleurs, de ses cultures, de ses religions, de ses modes de vie et de ses organisations politiques. L’unité de la famille humaine signifie que nous ne devons pas diviser l’humanité sur la base de l’origine nationale, de la culture, du genre ou de tout autre critère absurde qui sépare et crée de la division entre les hommes. 

Ô vous les gens ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle et vous avons répartis en peuples et en sociétés pour que vous vous connaissiez mutuellement. Le plus noble d’entre vous, au regard de Dieu, est le plus pieux/vertueux. Dieu sait et Il est bien informé (de ce que vous faites).

Coran 49 : 13

Dieu nous rappelle ici qu’être musulman, chrétien ou juif, être un homme ou une femme, être arabe ou blanc, être citoyen ou étranger… : ce ne sont pas des qualités suffisantes pour évaluer la valeur d’une personne ou d’une communauté. Il nous rappelle ce qui fait toute la valeur d’une personne et toute la différence entre les gens : al-taqwâ, c’est la piété, la vertu, la droiture, la moralité. C’est l’attitude de celui qui cherche à concrétiser la volonté de Dieu dans toutes les situations de la vie. 

Cette vision s’est concrétisée dès la naissance de la civilisation islamique où se sont illustrées des personnes d’origines très diverses : Bilâl, l’homme noir d’Ethiopie ; Shu’ayb, le romain ; Salmân, le perse, etc. Cette vision s’est développée au fil des siècles, avec une civilisation islamique qui a accueilli et préservé la diversité religieuse et culturelle de ses membres. 

Aucun intermédiaire, aucun religieux ne peut donner à une personne une valeur par un sacrement quelconque. La valeur d’une personne, devant Dieu, se joue dans la vision, la voie et les actions morales qu’elle cultive dans sa vie. 

Adhérer à la voie de Dieu l’Unique, c’est prendre la voie la plus sûre pour comprendre l’univers, pour vivre selon des principes universels, pour s’engager à servir le Bien commun. 

L’universalité de l’islam est toujours actuelle car la famille humaine a entre les mains le Coran, le Livre révélé par Dieu au dernier prophète Muhammad, par l’intermédiaire de l’ange Gabriel. Ce Livre existe encore dans sa version originale : il n’existe pas de versions différentes ou contradictoires du Coran. Depuis sa révélation, les musulmans l’apprennent par cœur durant leur éducation, le récitent chaque année dans sa totalité, pendant le mois de Ramadan, et le récitent tous les jours. Il n’existe aucun autre livre sur terre qui a été aussi bien préservé à l’écrit ainsi que dans le cœur des gens.

Dieu est Un, sa sagesse est une. Malgré la diversité des façons de comprendre le Coran, on peut toujours revenir au Livre pour vérifier le bien-fondé de sa position. Toute personne sur terre peut venir vers le Coran et l’interroger, l’interpeler, dialoguer, le mettre au défi de répondre aux grandes questions de la vie ou de prouver sa véracité. Le questionnement, le dialogue, l’effort de compréhension du Coran n’est pas réservé aux religieux, aux arabes ou aux musulmans.  

L’universalité de l’islam signifie que l’islam est une sagesse qui s’applique à tout l’univers : tout l’univers organise sa vie, son fonctionnement et ses relations selon la volonté de Dieu. 

A Dieu appartient la royauté des cieux et de la terre, et Dieu est puissant sur toute chose.

Coran 3 : 189
A Lui appartiennent tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre ; tous Lui sont entièrement soumis.

Coran 30 : 26
Tout ce qui est dans les cieux et sur la terre glorifie Dieu, et Il est le Tout-Puissant, le Sage.

Coran 57 : 1

De la même manière, l’être humain est invité à vivre et à agir selon la volonté de Dieu, c’est-à-dire selon la sagesse appliquée dans toutes les situations de la vie. L’être humain ne peut pas vivre de façon schizophrénique en adhérant à des idées et à des valeurs d’un côté, et de l’autre, en vivant selon tout l’opposé. Vivre ainsi, c’est vivre l’enfer sur terre. Quelles que soient ses convictions, sa religion ou sa philosophie de vie, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, l’être humain a besoin de les cultiver dans son cœur, dans ses pensées mais aussi dans ses actes privés et publics. C’est pourquoi, l’islam a vocation à être accueilli dans le cœur, à être pensé et concrétisé dans la vie individuelle et collective. 

Par exemple, appliquer la sagesse de l’islam dans le champ politique, cela signifie : choisir ses dirigeants selon le critère de la compétence et de la moralité ; demander des comptes à ses dirigeants ; cultiver la paix et la justice ; garantir la liberté religieuse et la diversité culturelle ; protéger les personnes les plus vulnérables contre l’abus de pouvoir ; pratiquer la concertation pour prendre de bonnes décisions concernant la vie collective ; diffuser une culture où chacun se sent responsable de chacun et du Bien commun, etc. 

Lorsqu’on aime une femme, l’amour ne reste pas enfermé dans le cœur : il cherche à s’exprimer dans des paroles et des actes d’amour. De la même façon, aimer Dieu, adhérer à sa voie, c’est y adhérer avec le cœur et c’est s’engager à concrétiser sa sagesse dans façon de penser, de vivre et d’agir avec les autres. Adorer Dieu, c’est faire l’effort de vivre et d’agir avec l’intention de Lui plaire, en harmonie avec la sagesse et l’éthique, au service du Bien commun et de la justice. Ainsi, on peut gouverner, faire du commerce, gagner sa vie, enseigner, manger, cultiver l’amour et le plaisir de façon juste ou injuste. A chaque fois que l’on jouit des belles choses de la vie et que l’on agit selon la justice et dans l’intention de plaire à Dieu, on pratique alors un acte d’adoration. C’est ce qu’a enseigné le prophète Muhammad lorsqu’il a enseigné à ses compagnons que lorsqu’un couple marié fait l’amour, il fait là une bonne action, au même titre que faire un don, qu’offrir son aide, etc. Les compagnons surpris, ont alors demandé : 

« Ô messager de Dieu, comment se fait-il que lorsque l’un de nous goûte au plaisir (avec sa femme ou son mari), il obtient ainsi la récompense d’un don ?’’

Le prophète répond : ‘’N’est-ce pas que s’il faisait la même chose mais dans une situation interdite, ce serait compté comme un péché ? De la même manière, s’il le fait en respectant ce qui est permis, il mérite la récompense (d’un don)’’ ».


 Hadîth rapporté par Muslim.

L’islam est une voie qui offre à chacun l’occasion de devenir meilleur et de participer à l’amélioration du monde, à travers les « cinq piliers de l’islam » : la reconnaissance que Dieu est Un et que Muhammad est son prophète (al-shahâdah), la prière (al-salâh), le jeûne (al-sawm), l’impôt social purificateur (al-zakah) et le pèlerinage (al-hajj). 

A travers la shahâdah ou la reconnaissance que Dieu est Un et que Muhammad est son prophète, l’islam éduque l’être humain à voir la réalité et la sagesse : la vie existe grâce à l’action du Créateur ; un seul Créateur pour tous ; Dieu nous invite à vivre selon la sagesse, c’est-à-dire selon la vérité, la justice et le bien ; suivre l’exemple du dernier prophète et de tous ceux qui l’ont précédé est le chemin le plus sûr vers le bonheur dans cette vie et dans la vie dernière. 

Lorsqu’on fait la prière, on se positionne devant Dieu, on s’incline et se prosterne devant Lui. On ne se soumet pas à la volonté de Dieu physiquement seulement mais aussi intérieurement, moralement. On se soumet également à la volonté de Dieu par ses actes concrets. Adhérer à la voie de Dieu, c’est y adhérer par le cœur et par ses paroles, par ses actes individuels et son action collective. 

Lorsqu’on prie en groupe, on doit choisir un imâm ou une personne qui va diriger la prière. On doit choisir le meilleur parmi nous : celui qui connaît le Coran le mieux et qui est exemplaire sur le plan moral. Bien choisir son dirigeant est important pour conduire la prière collective mais aussi pour bien conduire les affaires collectives, économiques, politiques, culturelles, intellectuelles et sociales. Toute société a besoin de bien choisir ses dirigeants pour veiller au Bien commun. 

Une fois l’imâm choisi, on doit le suivre et prier en suivant son rythme. Par contre, s’il se trompe dans sa récitation du Coran ou dans la prière, chacun a l’obligation de l’interrompre pour le corriger. Combien le monde serait meilleur si chacun exerçait son devoir en ayant le courage d’interpeler ses dirigeants lorsqu’ils se trompent ou lorsque leurs décisions conduisent vers une injustice, au lieu de les suivre aveuglément. 

La prière est le meilleur chemin pour se rappeler que Dieu est Présent. Plus on est conscient qu’Il est Présent, moins on résiste à la tentation d’être injuste envers les autres, plus on réussit à devenir quelqu’un de meilleur. On ne commet pas d’adultère devant son père, sa mère ou sa femme. Lorsqu’on est conscient que Dieu est Présent, qu’on est devant Lui en permanence, on a honte de commettre une telle injustice. 

Faire la prière, c’est cultiver l’amour de Dieu, c’est-à-dire l’amour du Bien et la haine de ce qui est bas et injuste. A travers la prière, l’islam vise à former une personne et une société consciente de la Présence de Dieu, désireuse de faire le Bien plus que de se laisser tenter par l’injustice ordinaire. 

A travers le jeûne, l’islam éduque l’être humain à l’amour de Dieu, donc à la maîtrise de soi d’une part, et d’autre part, au don de soi et au partage de ses richesses. Jeûner, c’est non seulement s’abstenir de faire le mal mais aussi s’abstenir des bonnes choses de la vie quotidienne : manger, boire, avoir des rapports intimes avec sa femme… Ce faisant, on peut mieux se mettre à la place de ceux qui, autour de nous, manquent de moyen, ne mangent pas à leur faim, ne vivent pas dans l’aisance. On apprend le sens de la mesure et de la limite, l’empathie et le souci des autres. 

A travers la zakah ou l’impôt social purificateur, l’islam éduque l’être humain à l’amour de Dieu, donc à partager sa richesse avec les autres. 

A travers le hajj ou le pèlerinage, l’islam éduque l’être humain à l’amour de Dieu, donc à la conscience qu’on appartient tous à une seule et même famille humaine, qu’on est d’égale dignité devant Dieu, que l’on soit européen ou arabe, africain ou asiatique, etc. Il l’éduque au dépouillement, à la capacité de se débarrasser du superflu pour goûter à l’essentiel de la vie.

Voilà, à travers quelques exemples concernant les piliers de l’islam, les sentiments et les idées que l’islam veut former chez chacun d’entre nous. Telle est la voie universelle à laquelle l’islam invite chaque communauté humaine.


Cet article est une synthèse basée sur la pensée d’Ismail Raji al-Faruqi, Lois Lamya al-Faruqi (2014), The Qur’ân and the Sunnah. Ed. International Institute of Islamic Thought, Londres.


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