Islam et développement personnel
Dans les librairies musulmanes de Paris, Londres ou Jakarta, un nouveau type d’ouvrage occupe désormais les rayons : « Coach ta vie avec l’islam », « Booster son dīn », « Femme musulmane : aime-toi ! », ou encore « Devenir la meilleure version de toi-même ». Cette vague de littérature du développement personnel « islamique » promet de réconcilier épanouissement individuel et foi religieuse. Mais derrière ces titres accrocheurs se cache une question fondamentale : s’agit-il d’une adaptation moderne de l’islam, ou d’une transformation profonde de la religion en une spiritualité individualiste et centrée sur soi ?
Le livre, Islam et développement personnel,[1] offre un éclairage précieux sur ce phénomène mondial qui touche aussi bien l’Egypte, la Turquie et l’Indonésie que les communautés musulmanes en France, en Angleterre et partout ailleurs. À travers une analyse sociologique, anthropologique et islamique, cet ouvrage dévoile les tensions et les contradictions d’un mouvement qui se veut à la fois « moderne » et « authentiquement islamique ».
Comment le développement personnel a-t-il conquis le monde musulman ?
Paradoxalement, tout commence en Occident. Le développement personnel est « l’enfant de la modernité occidentale », se présente comme une alternative à la vision matérialiste du monde. Il promet un « retour à soi » et une « spiritualité » à la carte, sans contraintes ni engagements, puisant librement dans plusieurs traditions religieuses.
Dans les pays musulmans, son expansion a suivi des chemins particuliers :
En Turquie, pays à majorité musulmane et pont entre Orient & Occident, l’histoire du développement personnel est particulièrement révélatrice :
- Dès les années 1930, des traductions de livres occidentaux apparaissent, mais le phénomène prend véritablement de l’ampleur dans les années 1990.
- Entre 1928 et 1950, seuls 14 livres de développement personnel sont publiés en turc ; en 2018, ce chiffre atteint 3692.
- Une étude systématique de 452 livres turcs montre des thèmes récurrents : amélioration de soi en général, recherche du bonheur, développement de la confiance en soi, gestion de la santé, compétences en communication, relations familiales et professionnelles, spiritualité syncrétique, leadership et motivation.
- Les ouvrages mêlent sources américaines, traditions toltèques, judaïsme, philosophie, et soufisme, avec des titres comme Les larmes du Coran, Le pouvoir de la prière ou Rumi : Thérapies spirituelles.
L’Indonésie, autre géant musulman, offre un exemple encore plus saisissant :
- Aa Gym, ancien marchand ambulant, crée un véritable empire autour de sa marque « Management of Qalb » (gestion du cœur).
- Sa méthode mélange soufisme, psychologie occidentale et techniques marketing pour diffuser un message à la fois émotionnel, thérapeutique et spirituel.
- L’empire d’Aa Gym ne se limite pas aux formations : il s’étend à l’entrepreneuriat, aux produits dérivés et même aux cosmétiques, touchant particulièrement les femmes et transformant son approche spirituelle en un véritable marché de masse.
D’autres exemples sont analysés en Egypte, au Maroc, en Afrique du Sud et en Angleterre. Tous révèlent une tendance mondiale : le développement personnel séduit par ses promesses de réalisation de soi, d’épanouissement et de réussite. Mais il pose une question centrale : ces nouvelles pratiques sont-elles vraiment islamiques ou s’inscrivent-elles davantage dans une logique de modernité libérale et individualiste ?
Que promet exactement le développement personnel « islamique » ?
Face à l’importation massive du développement personnel occidental, de nombreux musulmans ont cherché à créer une version « islamique », « différente », qui se voudrait « conforme au Coran et à la Sunnah authentique ». Ce littérature prolifère dans toutes les langues : de l’arabe au français, en passant par l’anglais, le turc, l’indonésien ou le malais…
Mais pourquoi les musulmans ressentent-ils ce besoin ? Certains répondent qu’ils ne veulent pas « se laisser enfermer dans des choses apprises par cœur, dans des règles, dans des interdictions (ḥarām) et des permissions (ḥalāl) ». Ils cherchent à « aller vers plus de spiritualité, vers la réflexion, vers le sens des choses, vers ce qui nourrit le cœur ». D’autres expliquent que « beaucoup de musulmans naissent avec un talent. Mais leur entourage musulman et leurs familles brisent leur motivation et leur font intérioriser une image négative d’eux-mêmes. La culture musulmane et familiale cherche à motiver à coup de bâton : « Soit vous le faites, soit vous irez en enfer ! Quand la menace ne marche plus, alors on recherche quelque chose qui nourrit l’esprit. Alors on se tourne vers les livres de développement personnel. »
Le développement personnel « islamique » se présente alors comme un double compromis :
- Une alternative « spirituelle » au développement personnel occidental jugé trop matérialiste
- Une alternative « moderne » à un islam traditionnel jugé rigide et culpabilisant
On voit ainsi fleurir des contenus et formations avec des titres évocateurs « 35 versets coraniques sur l’amour de soi et la confiance en soi », « Développement personnel pour les femmes musulmanes », « Apprendre le Coran avec la PNL », ou « Coaching pour réussir sa hijra ».
Les partisans de ce courant vont jusqu’à affirmer : « l’islam, c’est le développement personnel, et le développement personnel, c’est l’islam », mobilisant le Coran et la Sunnah pour justifier des concepts modernes : confiance en soi, amour de soi, réalisation de son potentiel, authenticité, transformation personnelle, succès…
Quelle différence entre développement personnel général et « islamique » ?
Derrière l’étiquette rassurante de « développement personnel islamique », il y a une réalité dérangeante : ce n’est qu’un simple copier-coller du modèle occidental, repeint de vocabulaire religieux.
Les études menées en Turquie sont sans appel : les thèmes et les titres ressemblent à ceux des livres de développement personnel en langue anglaise, avec la même vision matérialiste. On y retrouve les mêmes promesses de réussite, de bonheur et de performance, simplement enveloppées de citations coraniques. Le résultat ? Un syncrétisme confus qui mélange islam, psychologie positive, soufisme populaire et références New Age, sans cohérence philosophique et spirituelle.
En Indonésie, l’anthropologue Daromir Rudnyckyj pose une question décisive : « Dans quel sens ces programmes d’affaires et de développement personnel étaient-ils “islamiques” ? » Sa réponse est sans appel : « Les discours sur lesquels s’appuyaient la grande majorité des programmes de formation avaient moins à voir avec les idéaux normatifs du fiqh et de la sharīʿah qu’avec les notions néo-soufies concernant le “management du cœur”. »[2]
Le cas du développement personnel « islamique » pour femmes illustre parfaitement cette dérive.
Dans Show Up: A Motivational Message for Muslim Women de Naima B. Robert, la réussite spirituelle se confond avec la réalisation du « potentiel personnel ». L’auteure raconte comment son mari admirait en elle « son potentiel » et l’aidait à « se réaliser ».
Mais cette obsession du « potentiel » n’est pas anodine : elle traduit l’influence directe du courant humaniste occidental, qui remplace la fitrah (nature humaine) par l’idée d’un « moi futur » à construire, autonome et autosuffisant :
« On voit ici l’influence du ‘courant pour le potentiel humain’ qui remplace la nature humaine par ‘le potentiel humain’. En effet, à la question ‘Qu’est-ce que l’homme ?’ et donc ‘Quel est le sens de la vie ?’, ce courant préfère la question ‘Quel est ton potentiel ?’. Ceci car reconnaître l’idée de nature humaine commune à tous, c’est nécessairement reconnaître l’idée d’un Dieu-Créateur et d’une finalité de la vie que tous les êtres humains sont invités à réaliser. Pour éviter Dieu, ce courant se focalise sur ‘la personnalité’ relative à chacun, et sur ‘le potentiel’, c’est-à-dire sur l’individu qui se définit lui-même dans le futur. »[3]
Plus troublant encore : ce discours « islamique » du développement personnel invite subtilement à rejeter l’idéal moral de l’islam. Dans Show Up, Naima B. Robert écrit :
« Il est souvent plus facile de se contenter de jouer le rôle de la bonne épouse, d’accomplir ses devoirs, de dire les bonnes choses. » Le message est clair : être « authentique », c’est rejeter « les normes, les valeurs, les devoirs que l’on a vis-à-vis des autres : de la famille, des proches et de la société. »[4]
Même l’éducation n’échappe pas à cette dérive. Face à des enfants qui, pendant le mois de Ramadan, ne veulent pas faire d’effort pour chercher à plaire à Dieu à travers des comportements et des activités plus engageants, l’auteure conseille de « laisser couler ». Si l’enfant refuse d’apprendre quelques signes du Coran ou de se rendre à la mosquée, il faut « le laisser faire ce dont il a envie ». Autrement dit : ne pas orienter, ne pas transmettre, ne pas éduquer. Dès lors, éduquer n’est plus guider vers le bien mais s’effacer devant le désir-roi. Le message implicite est clair : le confort psychologique est désormais supérieur à la transmission morale, spirituelle et intellectuelle.
Ce nouveau discours redessine silencieusement la carte des valeurs islamiques. La « sincérité », dans cette logique, ne signifie plus sincérité envers Dieu, ni envers les autres, mais être « sincère » vis-à-vis de soi-même, de ses émotions, de ses désirs, de son « potentiel ». Le salut se confond avec l’estime de soi, la transformation spirituelle avec l’auto-acceptation et l’amour de soi. Sous le langage doux de la bienveillance, de « l’amour de soi » et de l’ « auto-acceptation », une révolution silencieuse s’opère : Dieu s’efface du centre et le Moi prend sa place.
Pourquoi cette tendance à tout « islamiser » ?
L’idée de « développement personnel islamique » s’inscrit dans une tendance plus large de l’esprit musulman contemporain. Comme l’analyse shaykh Ṭāhā Jābir al-ʿAlwānī, les musulmans ont tendance à se conformer à la pensée dominante à travers un effort systématique de comparaison (al-muqāranah) et de rapprochement (al-muqārabah). Autrement dit, dès qu’une idée ou une théorie devient populaire dans le monde moderne, un courant musulman apparaît pour tenter d’en prouver la compatibilité avec l’islam. On a vu défiler : l’islam et le socialisme, l’islam et le libéralisme, l’islam et la psychanalyse, l’islam et le féminisme et aujourd’hui, l’islam et le développement personnel.
Mais une question s’impose : Si tout peut devenir “islamique”, alors qu’est-ce que l’islam ? En cherchant à « islamiser » toutes les modes intellectuelles du moment, ne risque-t-on pas de vider l’islam de son propre contenu ?
L’enjeu n’est pas de dire que l’islam n’a rien à dire sur le développement humain, la confiance en soi, ou l’épanouissement personnel. Au contraire, l’islam a beaucoup à dire sur ces sujets. Le vrai problème, c’est l’ordre du raisonnement : au lieu de partir de la sagesse coranique pour juger les idées modernes à la mode, on part de ces idées à la mode pour chercher dans le Coran de quoi les légitimer.
C’est une inversion insidieuse, mais lourde de conséquences : ce n’est plus la Révélation qui éclaire le monde, c’est la mode du moment qui nous dicte comment interpréter la Révélation.
« Mal nommer les choses, c’est participer au désordre du monde. » Et dans ce cas précis, ajouter le mot islamique à chaque mode intellectuelle ne clarifie rien : cela entretient le désordre, en confondant la lumière universelle de l’islam avec les lumières passagères mensongères du temps, de la domination politique et intellectuelle du moment.
Que dit vraiment le Coran sur l’amour de soi et la confiance en soi ?
Pour évaluer le développement personnel « islamique », il faut revenir aux sources. Le Coran propose-t-il une vision de l’homme centrée sur « l’amour de soi », « la confiance en soi » et « la réalisation de son potentiel » ?
La réponse a toujours été claire : reconnaître la réalité de Dieu l’Unique, c’est toujours reconnaître l’illusion de l’idole magique de la Nature-dieu, de l’idole raciste du Nous et de l’idole du Moi…
L’islam repose sur le concept central du Tawḥīd, la réalité de Dieu l’Unique et de tout ce que ça implique dans sa vie personnelle et collective. Ce concept n’est pas une simple croyance et n’est pas qu’une affirmation abstraite : c’est la vérité objective sur laquelle repose tout ce qui existe dans l’univers et au-delà. C’est la vérité objective autour de laquelle tourne toute la conception islamique de la nature, de la vie, de la société et de l’être humain.
Le Coran décrit l’être humain de manière radicalement différente du développement personnel. L’homme n’est ni « fondamentalement bon » ni « plein de potentiel illimité ». Le Coran présente une vision réaliste et nuancée : l’être humain a été créé avec une nature première pure (fiṭrah) et une dignité qui lui donne une place particulière dans l’ordre de la création. Mais il est également faible, ignorant, injuste envers lui-même, oublieux, tenté par ses passions et par l’injustice. Il a une double tendance vers le bien et le mal.
Prenons le concept d’« amour de soi », si central dans la culture du développement personnel.
Le Coran n’invite jamais à s’aimer soi-même pour s’épanouir. L’amour de soi (ḥubb al-nafs) est même un mal spirituel et moral. Le Coran met plutôt en garde contre le danger de suivre ses passions (hawā) et d’adorer son ego :
« N’as-tu pas vu celui qui a pris sa passion pour sa divinité ? »[5]
أَفَرَءَيْتَ مَنِ ٱتَّخَذَ إِلَٰهَهُۥ هَوَىٰهُ
L’islam nous invite à une tout autre voie qui repose sur une connaissance fiable de l’être humain :
« En vérité, il (l’être humain) aime avec obsession les biens de ce monde. »[6]
وَإِنَّهُۥ لِحُبِّ ٱلْخَيْرِ لَشَدِيدٌ
« Mais non ! Vous aimez plutôt la vie immédiate. »[7]
كَلَّا بَلْ تُحِبُّونَ ٱلْعَاجِلَةَ
Le Coran nous révèle ici que par nature, l’être humain court après ce qui est bien pour lui, après la satisfaction immédiate de ses désirs et projets personnels. Par nature, spontanément, l’être humain a tendance à donner la priorité à ses besoins légitimes, à ses intérêts, à ses désirs même excessifs, sur les besoins des gens et sur le bien commun. « Pense d’abord à toi », c’est un fait et non une valeur. Ce qui a de la valeur, au regard de l’islam, c’est justement de se décentrer, de s’ouvrir sur les autres et de se donner, au-delà de son bien personnel. C’est la sagesse qu’enseigne le Coran :
« Vous n’atteindrez la vertu que lorsque vous donnerez ce que vous aimez. En vérité, tout ce que vous donnez, Dieu le sait. »[8]
لَن تَنَالُوا الْبِرَّ حَتَّىٰ تُنفِقُوا مِمَّا تُحِبُّونَ ۚ وَمَا تُنفِقُوا مِن شَيْءٍ فَإِنَّ اللَّهَ بِهِ عَلِيمٌ
Le prophète nous enseigne ici la voie de la sagesse : faire l’effort de choisir la voie du bien, du don de soi, du sacrifice au service du bien commun :
« Je jure par Celui qui détient l’âme de Muḥammad dans Sa main ! Vous n’aurez pas vraiment adhéré à la voie de Dieu tant que vous n’aimez pas pour votre frère ce que vous aimez pour vous-même. »[9]
Quant au « dialogue intérieur » cher aux coachs contemporains, le Coran en reconnaît la nécessité mais lui donne un tout autre sens. L’introspection n’est pas un exercice d’écoute psychologique de ses désirs, de ses émotions et de ses préférences personnelles : c’est un appel au discernement moral, à l’autocritique spirituelle, à la conscience du Jugement et à la crainte de mal faire devant Dieu :
« Ô vous qui croyez ! Craignez Dieu. Que chaque âme considère ce qu’elle a préparé pour demain. Et craignez Dieu, car Dieu est parfaitement informé de ce que vous faites. »[10]
يَٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُوا۟ ٱتَّقُوا۟ ٱللَّهَ وَلْتَنظُرْ نَفْسٌۭ مَّا قَدَّمَتْ لِغَدٍۢ ۖ وَٱتَّقُوا۟ ٱللَّهَ ۚ إِنَّ ٱللَّهَ خَبِيرٌۢ بِمَا تَعْمَلُونَ
Ici, se connaître soi-même, ce n’est pas s’écouter, c’est s’examiner à la lumière de ce que Dieu attend de nous, à la lumière de nos devoirs et responsabilités devant Dieu, devant la société, devant l’humanité et devant toute la création.
Comment le Coran traite-t-il vraiment la question de la confiance en soi ?
Qu’est-ce que l’islam a d’essentiel à dire sur la confiance en soi ?
Tout d’abord, les études de psychologie expérimentale ont découvert que la confiance en soi n’est pas la cause de l’épanouissement de l’individu, de sa réussite à l’école, en couple ou au travail… C’est au contraire la conséquence.
Ensuite, le terme « confiance en soi » est étranger à la langue du Coran. Dans la voie de l’islam, la confiance en soi n’est ni une finalité ni un moyen. C’est plutôt le résultat naturel que l’être humain peut obtenir : lorsqu’il découvre la réalité et la vérité sur le monde et sur Dieu ; il connaît le sens de la vie et ce que Dieu attend de lui ; il connaît sa juste place dans le monde, vis-à-vis de Dieu, de la création et de l’humanité ; il connaît sa nature humaine, ce qu’il est et le modèle qu’il doit suivre pour devenir moralement meilleur ; il multiplie ses actions au service du bien, jusqu’à en faire une seconde nature. Il ne ressent pas en permanence un problème de confiance en soi quand il est engagé sur cette voie. Il peut le ressentir à quelques moments critiques de sa vie.
Par exemple, plusieurs prophètes ont pu ressentir quelque chose qui ressemble à un problème de « confiance en soi ». Mais ce n’était pas un problème personnel ou psychologique : il était ponctuel et directement lié d’un côté à la mission que Dieu leur a confiée – transmettre son Message – et de l’autre, à l’hostilité des gens qu’ils allaient devoir affronter. Les partisans du développement personnel citent souvent l’exemple de Moïse pour justifier la nécessité de traiter le problème de « confiance en soi » par une formation payante en « communication » pour bien s’exprimer en public.
Mais suivons plus attentivement le récit de Moïse (paix sur lui). Ce dernier se sent petit face à Pharaon : il y a une grande différence de pouvoir politique et de légitimité sociale. Et en plus, il y a une difficulté pour Moïse à communiquer clairement. Malgré ça, Moïse n’a pas de problème d’estime de soi, d’amour de soi ou de confiance en soi. Son problème, ce ne sont pas les « pensées limitantes » ou négatives venant de la société et qu’il aurait intériorisées. Son problème, c’est de faire face à l’injustice du tyran. Et il se sent insuffisant pour l’affronter. Il a un problème objectif : il doit aller voir Pharaon pour lui transmettre le Message divin. Il sait que cette situation est risquée. Il sait qu’il lui manque un soutien (son frère) et une capacité à bien communiquer :
« Rends-toi auprès de Pharaon ; c’est vraiment un rebelle ! Seigneur, dit Moïse, fais cesser l’angoisse qui me serre le cœur ! Facilite ma tâche et dénoue le nœud de ma langue, pour qu’ils comprennent ma parole. Et donne-moi un conseiller issu de ma famille : Aaron, mon frère. Fais-en pour moi un soutien, en l’associant à ma mission, pour que nous Te glorifions sans cesse et que, sans cesse, nous T’invoquions. »[11]
ٱذْهَبْ إِلَىٰ فِرْعَوْنَ إِنَّهُۥ طَغَىٰ
قَالَ رَبِّ ٱشْرَحْ لِى صَدْرِى
وَيَسِّرْ لِىٓ أَمْرِى
وَٱحْلُلْ عُقْدَةًۭ مِّن لِّسَانِى
يَفْقَهُوا۟ قَوْلِى
وَٱجْعَل لِّى وَزِيرًۭا مِّنْ أَهْلِى
هَـٰرُونَ أَخِى
ٱشْدُدْ بِهِۦٓ أَزْرِى
وَأَشْرِكْهُ فِىٓ أَمْرِى
كَىْ نُسَبِّحَكَ كَثِيرًۭا
وَنَذْكُرَكَ كَثِيرًا
Comment Dieu va accompagner Moïse pour traiter son problème de « confiance en soi » ? Premièrement, Il accepte de répondre aux demandes de Moïse (lui accorder son frère pour soutien, lui délier la langue pour bien s’exprimer…).
Deuxièmement, Il lui révèle son pouvoir bienveillant en lui rappelant le passé : Dieu a toujours été présent, veillant sur la sécurité de Moïse, depuis son plus jeune âge, à l’époque où Pharaon cherchait à tuer tous les nouveau-nés. Dieu était présent et actif dans cette situation : Il a inspiré à la mère de Moïse de le mettre dans un panier et de le jeter dans la rivière ; Il a inspiré à Pharaon de recueillir le bébé ; Il a inspiré à la sœur de Moïse de passer par-là et de proposer une nourrice qui s’est avérée être la mère de Moïse. Et c’est ainsi, par la grâce de Dieu, que le bébé est revenu à sa mère et que celle-ci a été apaisée.[12] Dieu lui rappelle d’autres épreuves passées, et lui montre qu’Il a toujours été attentif et actif pour le protéger, le préparer à devenir prophète. Dans ce parcours, Dieu montre à Moïse que la vie est une série d’épreuves qu’Il choisit pour nous ; et qu’Il est là pour aider ses serviteurs à réussir ces épreuves, à travers tout un réseau de personnes, de situations ou de choses qu’Il met à notre service.
Troisièmement, Dieu lui rappelle qu’Il l’a choisi. Si Dieu le Créateur de tous choisit quelque chose, Il sait ce qu’Il fait. Il ne peut pas se tromper en envoyant à Pharaon un homme incapable d’assurer sa mission de prophète.
Quatrièmement, Dieu lui donne une mission : servir Sa cause. La « confiance en soi » ne peut pas naître d’une fuite vers « soi-même » mais au contraire, de l’ouverture vers son devoir, vers ce qui est attendu de moi par plus grand que moi.
Cinquièmement, Dieu lui révèle comment parler à Pharaon (avec douceur) et quoi dire précisément. Telles sont les leçons que l’on peut tirer de ce récit.
L’histoire du prophète Moïse (Mūsā) offre un exemple éclairant de la vision coranique de la « confiance en soi ». Lorsque Dieu lui confie la mission d’aller transmettre le Message révélé à Pharaon, Moïse ne répond pas par un cri d’assurance mais par une prière humble :
« Seigneur, dilate ma poitrine, facilite ma tâche, dénoue le nœud de ma langue, afin qu’ils comprennent ma parole. Donne-moi un assistant de ma famille, Aaron, mon frère. »[13]
قَالَ رَبِّ ٱشْرَحْ لِى صَدْرِى
وَيَسِّرْ لِىٓ أَمْرِى
وَٱحْلُلْ عُقْدَةًۭ مِّن لِّسَانِى
يَفْقَهُوا۟ قَوْلِى
وَٱجْعَل لِّى وَزِيرًۭا مِّنْ أَهْلِى
هَٰرُونَ أَخِى
ٱشْدُدْ بِهِۦٓ أَزْرِى
وَأَشْرِكْهُ فِىٓ أَمْرِى
À travers ce récit, Moïse ne développe pas sa « confiance en lui » par des exercices d’affirmations positives du genre : « Je suis fort », « Je suis intelligent », « Je peux le faire », « Je m’aime »… Il ne se répète pas qu’il est capable : il découvre que Dieu a le pouvoir de le rendre capable et de l’accompagner très concrètement. Il comprend qu’il n’est pas seul : Dieu veille, et son frère marche à ses côtés. Alors, la « confiance en soi » naît d’elle-même, non comme un objectif à atteindre, mais comme la conséquence naturelle de la certitude et de la confiance en Dieu. Elle n’est pas le fruit d’un entraînement psychologique mais le reflet d’une certitude intérieure : quand on reconnaît la réalité de Dieu, on n’a plus besoin de se convaincre de croire en soi ou en quoi ce soit d’autre.
Ainsi, contrairement au discours du développement personnel « islamique » :
« Moïse ne cherche pas à “écrire une histoire dont il est le héros”. Pour nous, il est un héros ou un modèle en ce sens qu’il a effacé sa personne pour devenir l’instrument par lequel la volonté de Dieu allait s’exprimer et se concrétiser sur terre. »[14]
Le développement personnel promet : « crois en toi et tout deviendra possible.” Le Coran répond : “reconnais la réalité de Dieu et engage-toi à agir en conséquence, et l’impossible devient possible. » On est là face à deux voies qui embarquent vers des directions totalement différentes : l’une fait du Moi le centre de tout, l’autre place Dieu au cœur de tout, et invite à invite à vivre au service de Dieu, c’est-à-dire au service du Vrai, du Bien et du Juste.
Quelle conception de l’éducation découle de ces deux visions ?
Les implications concrètes de ces deux voies opposées apparaissent clairement dans l’éducation.
Le développement personnel définit l’éducation comme un « développement personnel » appliqué à l’enfant. L’objectif central est d’aider l’enfant à « développer son potentiel, sa confiance en soi, son amour de soi, son efficacité, sa capacité de communication et de leadership ».
Dans cette perspective, si un enfant devient délinquant, c’est à cause d’un problème de « sous-développement personnel » : manque d’amour parental, manque d’estime de soi, complexe d’infériorité, ou parents trop dominateurs. L’éducateur n’existe plus vraiment : il y a un « coach », un « animateur » ou un « facilitateur » dont la fonction n’est pas de transmettre, de « faire la morale » ou « d’apporter des solutions », mais simplement d’aider l’enfant à s’aider lui-même.
L’islam propose une tout autre voie. Il définit l’éducation comme la transmission de la vérité et de la sagesse à l’enfant. La vision islamique de l’éducation est résumée à travers l’enseignement de la sagesse par Luqmān à son fils[15] : reconnaître la réalité de Dieu l’unique et ne pas tomber dans l’injustice et le polythéisme ; être bon envers ses parents et plus particulièrement envers sa mère ; être reconnaissant envers Dieu et ses parents et ne pas tomber dans l’ingratitude ; refuser de se faire imposer quelque chose qui ne relève pas d’une connaissance fiable et qui fait tomber dans une forme de polythéisme ; agir avec bienveillance envers ses parents, malgré la divergence et leurs erreurs de jugement ; reconnaître la nature de Dieu, son pouvoir de Créateur et de miséricorde ; adorer et servir Dieu ; ordonner le bien et empêcher le mal ; patienter face aux difficultés que l’on traverse ; être déterminé dans ce chemin ; ne pas s’isoler des gens ni agir avec orgueil ; et être modeste.
Si un enfant finit délinquant selon l’explication islamique, « c’est parce que l’enfant a grandi loin de la voie de Dieu et de l’exemple prophétique, loin de la sagesse et de la morale révélées. Il a grandi avec des parents qui ont oublié le sens et la finalité de leur vie sur terre et qui n’ont pas su les transmettre. »
L’éducateur a un rôle central : « transmettre la sagesse, la morale, l’expérience et la connaissance pour que l’enfant grandisse, développe le discernement et la vertu. Il aide l’enfant à s’aider lui-même ; le soutient en lui apportant de l’aide et en cultivant l’entraide avec d’autres enfants et adultes. »
En résumé :
« Le développement personnel met l’enfant au centre, et tout “le reste”, ce ne sont que des moyens pour son épanouissement ; l’islam place l’enfant devant le centre autour duquel il doit graviter, à savoir la réalité de Dieu, la vérité, le bien et la justice qu’il doit concrétiser dans toutes ses relations. »[16]
Vers quelle alternative ?
La conclusion de cette étude est sans appel : « Le développement personnel “islamique” est largement un copié-collé du développement personnel occidental, avec sa charge individualiste qui fait comme si la vérité et l’erreur, le bien et le mal n’ont rien d’objectif mais dépendent de l’opinion et des préférences personnelles. L’individualisme n’est pas qu’un défaut moral : c’est une forme de religion sécularisée qui impose à toutes les valeurs, y compris l’islam, de se conformer aux valeurs absolues de l’individu, à savoir l’indépendance, l’épanouissement personnel, le bien-être et la réalisation de soi :
« Différents chercheurs en anthropologie, en histoire, en sociologie de la famille, en sociologie de la religion ou en traduction…, en majorité des non-musulmans, ont pu observer l’incohérence entre le développement personnel « islamique » et l’islam, dans des pays où l’islam est majoritaire, où l’éducation religieuse et où les savants musulmans sont encore très présents. »[17]
Face à ce constat, quelle alternative ? Le Coran n’invite pas à rejeter toute forme de développement humain, d’amélioration de soi, ou de travail sur ses faiblesses. Au contraire, il invite à une transformation profonde de l’être humain, mais selon une vision radicalement différente.
Le Coran se présente comme une Balance (Mīzān), une vision du monde permettant « d’évaluer, sélectionner, corriger et compléter les idées et solutions du moment ». Il ne s’agit pas de rejeter en bloc toute connaissance ou pratique venant d’ailleurs, mais de les soumettre à une évaluation critique à la lumière de la sagesse révélée.[18]
Cette approche exige un effort intellectuel rigoureux, une maîtrise profonde de la vision coranique, et le courage de résister aux modes intellectuelles du moment. Elle demande de cesser de raisonner « comme des muqallidīn ou des imitateurs de la pensée dominante », pour « raisonner à la lumière de la réalité donnée dans le Livre de l’univers et le Livre révélé ».[19]
Les besoins des musulmans sont réels : donner du sens à leur vie, surmonter leurs faiblesses, développer leurs capacités, éduquer leurs enfants, construire des relations saines et agir pour la justice. Mais la réponse ne viendra pas d’un développement personnel « islamique » superficiel, calqué sur les idoles de la modernité occidentale.
La véritable alternative se trouve dans un retour créatif et critique aux sources islamiques elles-mêmes. Non pas pour y chercher la confirmation des théories à la mode, mais pour y découvrir une sagesse universelle et intemporelle, capable d’éclairer les défis contemporains.
L’enjeu n’est pas simplement intellectuel ou théorique. Il concerne directement la vie quotidienne de milliards de personnes qui, face aux difficultés de l’existence moderne, cherchent légitimement des réponses et des solutions. La question est simple : suivront-elles des croyances et des modes passagères qui conduisent vers des formes d’injustices, d’excès et de négligences qui abîment l’être humain, l’islam de sa substance, ou s’engageront-elles dans un renouveau dans leur relation avec la sagesse révélée, capable de répondre aux besoins de chaque personne et de chaque société, de façon équilibrée et saine ?
Comme le rappelle le hadith prophétique, la sincérité (ikhlāṣ) n’est pas « être sincère vis-à-vis de soi-même » au sens moderne d’écouter ses opinions personnelles, ses émotions et ses désirs. C’est plutôt la sincérité envers Dieu et envers tous ceux avec lesquels on a un engagement : son couple, sa famille, sa communauté, sa société, et l’humanité tout entière. C’est dans cette sincérité véritable, tournée vers plus grand que soi, que l’être humain trouve son véritable épanouissement.
Le développement personnel « islamique » promet le meilleur des deux mondes : la spiritualité sans contrainte de la modernité et l’authenticité de la tradition islamique. Mais en réalité, il risque de donner le pire des deux : une spiritualité vidée de son contenu – la méditation sur le Coran et sur la vie, la prière, le jeûne, le dhikr, le service des autres, avec tout son cœur et toute sa personne – et un islam réduit à un simple outil de bien-être individuel. Face à ce risque, chacun est invité à redécouvrir la richesse et la profondeur du Coran, non pas pour la conformer aux modes du moment, mais pour en tirer une sagesse capable d’éclairer authentiquement son chemin dans le monde d’aujourd’hui.
Bibliographie
Ṣaḥīḥ al-Bukhārī et Muslim.
Al-Ghazālī, Abu Ḥāmid. Vigilance du cœur et examen de conscience. Paris : Éditions Albouraq, 2012.
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[1] Cet article est une synthèse de Oudihat, Mohamed. Islam et développement personnel. Paris : Islam actuel, 2025.
[2] Rudnyckyj, Daromir. Spiritual Economies: Islam, Globalization, and the Afterlife of Development. Cornell University Press, 2010.
[3] Oudihat, Mohamed. Islam et développement personnel. Paris : Islam actuel, 2025, 78.
[4] Naima B. Robert, Show Up: A Motivational Message for Muslim Women (London: Kube Publishing, 2021), 30.
[5] Coran 25 : 43.
[6] Coran 100 : 8.
[7] Coran 75 : 20.
[8] Coran 3 : 92.
[9] Ḥadīth rapporté par al-Nasāʾi, Sunan n°5017.
[10] Coran 59 : 18.
[11] Coran 20 : 24-34.
[12] Coran 20 : 35-40.
[13] Coran 20 : 25-30.
[14] Oudihat, Mohamed. Islam et développement personnel. Paris : Islam actuel, 2025, 136.
[15] Coran 31 : 12-19.
[16] Oudihat, Mohamed. Islam et développement personnel. Paris : Islam actuel, 2025, 138.
[17] Oudihat, Mohamed. Islam et développement personnel. Paris : Islam actuel, 2025, 139.
[18] Oudihat, Mohamed. Islam et développement personnel. Paris : Islam actuel, 2025, 85.
[19] Oudihat, Mohamed. Islam et développement personnel. Paris : Islam actuel, 2025, 84.


