Douter ou ne pas douter ? Initiation à l’art de penser selon le Coran


Introduction

Notre époque fait l’éloge du doute comme moyen de penser. Mais bien souvent, l’éloge du doute se pervertit en éloge de la passivité intellectuelle et de l’ignorance, plus que de la recherche de connaissance juste. D’ailleurs, bien souvent, on entend dire aux musulmans qu’ils devraient apprendre à douter et que « le plus grand savoir, c’est de savoir qu’on ne sait rien ».

Le doute est-il contraire à la foi. Est-il synonyme de pensée ?

Si le Coran est un Livre de sagesse universelle, qu’est-ce qu’il a d’essentiel à dire sur le doute et plus largement, sur l’art de penser ? C’est ce que nous proposons d’explorer à travers ce texte.

Le Coran est une initiation au doute qui fait progresser vers la connaissance et la sagesse

Le Coran a réformé l’intelligence humaine en formant à l’art de penser de façon juste.

La shahādah ou le témoignage selon lequel « Il n’existe aucun dieu si ce n’est Dieu l’Unique » est le premier acte que l’on fait pour adhérer à l’islam. La shahādah fait entrer dans l’initiation à l’art de bien raisonner.

En effet, apprendre à penser de façon juste, ça débute par le doute sur les mythes et les croyances sociales. C’est ensuite dépasser le doute pour entrer progressivement dans la connaissance fiable de la réalité et de la sagesse.

Apprendre à penser de façon juste, c’est refuser de vivre selon une croyance sans fondement, sans preuve, contraire à la raison et à la sagesse. C’est refuser de se contenter de croire en vérifiant, en interrogeant, en observant, en réfléchissant, en discutant avec des personnes plus savantes…, jusqu’à savoir de façon fiable.

Dieu n’invite pas la famille humaine à « croire en Dieu » mais à chercher à connaître la réalité de façon juste : à connaître comment le monde marche, comment le ciel, la mer, les animaux, les plantes, la terre…, bref comment tout est lié et comment tout marche ensemble, selon un ordre et des lois que seul un Créateur a pu insuffler à toute chose.

Apprendre à penser de façon juste, ça commence par oser douter des croyances collectives, oser rejeter tout ce qui ne correspond pas à la réalité, pour s’ouvrir à la nouveauté, jusqu’à tomber sur la réalité, la vérité et la sagesse.

C’est très exactement là le sens de la shahādah.

En ce sens, le Coran initie l’intelligence à l’art de penser de façon juste, au doute, au questionnement, à l’exercice de son jugement critique face aux croyances collectives. Il invite à se poser des questions sur le Créateur, sur l’origine et le fonctionnement de l’univers, sur l’histoire de la famille humaine et sur soi-même.

« N’avez-vous pas vu comment Dieu a créé sept cieux superposés ? »

أَلَمْ تَرَوْا كَيْفَ خَلَقَ اللَّهُ سَبْعَ سَمَاوَاتٍ طِبَاقًا

Coran 71 : 15.

« N’ont-ils pas vu que Nous poussons l’eau vers un sol aride, qu’ensuite Nous en faisons sortir une culture que consomment leurs bestiaux et eux-mêmes ? Ne voient-ils donc pas ? »

أَوَلَمْ يَرَوْا أَنَّا نَسُوقُ الْمَاءَ إِلَى الْأَرْضِ الْجُرُزِ فَنُخْرِجُ بِهِ زَرْعًا تَأْكُلُ مِنْهُ أَنْعَامُهُمْ وَأَنفُسُهُمْ ۖ أَفَلَا يُبْصِرُونَ

Coran 32 : 27.

« Ceux qui sont dans le déni de Dieu, n’ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte ? Ensuite Nous les avons séparés et Nous avons fait de l’eau toute chose vivante ? Ne vont-ils donc pas adhérer à la voie de Dieu ? »

أَوَلَمْ يَرَ الَّذِينَ كَفَرُوا أَنَّ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضَ كَانَتَا رَتْقًا فَفَتَقْنَاهُمَا ۖ وَجَعَلْنَا مِنَ الْمَاءِ كُلَّ شَيْءٍ حَيٍّ ۖ أَفَلَا يُؤْمِنُونَ

Coran 21 : 30.

« N’as-tu pas vu que c’est par la grâce de Dieu que le vaisseau vogue dans la mer, afin qu’Il vous fasse voir de Ses merveilles ? Il y a en cela des preuves pour toute personne patiente et reconnaissante »

أَلَمْ تَرَ أَنَّ الْفُلْكَ تَجْرِي فِي الْبَحْرِ بِنِعْمَتِ اللَّهِ لِيُرِيَكُم مِّنْ آيَاتِهِ ۚ إِنَّ فِي ذَٰلِكَ لَآيَاتٍ لِّكُلِّ صَبَّارٍ شَكُورٍ

Coran 31 : 31.

Le Coran encourage à mettre en doute les croyances collectives sans fondement car elles sont sources d’erreur et d’injustice. C’est au nom de la raison logique et non pas « au nom de la foi » qu’il invite à évaluer les croyances collectives. En effet, par exemple, croire que « Dieu a créé la terre et les cieux en six jours et qu’ensuite Il s’est reposé » n’est pas une croyance logique. Car si Dieu est le Créateur de tout, Il ne peut pas avoir le défaut humain d’être fatigué le septième jour et d’avoir besoin de se reposer. Cette croyance est logiquement incompatible avec l’idée de Dieu Créateur. C’est cette logique qui est rappelée dans le Coran pour interpeler ceux qui croient sans raisonner :

« Quoi ? Aurions-Nous été fatigué par la première création ? Bien sûr que non ! Et pourtant, ils sont dans le doute au sujet d’une nouvelle création ! »

أَفَعَيِينَا بِالْخَلْقِ الْأَوَّلِ بَلْ هُمْ فِي لَبْسٍ مِّنْ خَلْقٍ جَدِيدٍ

Coran 50 : 15.

Si le Coran encourage à douter des croyances collectives, il n’invite cependant pas à douter de tout, tout le temps. Car tous les doutes ne se valent pas. Il y a des doutes bons, qui sont un moyen de produire de la connaissance, de la sagesse et de la certitude pour agir et vivre de façon juste. Et il y a des mauvais doutes, des doutes qui empêchent de penser, de connaître, d’agir et de vivre selon la sagesse.

Bon doute et mauvais doute : une question d’intention et de méthode

A travers toute une série d’exemples concrets, le Coran forme l’intelligence à la pratique du bon doute et à l’évitement du mauvais doute.

Le bon doute est un moyen de connaître qui pousse à se poser des questions, à rechercher et à vérifier avant de se faire une conviction.

Le mauvais doute est un moyen de rejeter la connaissance et la réalité pour se réfugier dans l’incertitude, dans le non-vérifiable. Il commence lui aussi par des questions mais il s’arrête là. Il ne cherche pas à progresser vers la vérité. Il se referme sur lui et se prend pour la réalité.

Cette distinction entre le bon doute et le mauvais doute apparaît à travers différents signes du Coran. Prenons quelques exemples.

Dans la vie sociale, il arrive qu’on se laisse convaincre par une rumeur, par une nouvelle choquante ou par une information scandale. Dans cette situation, le Coran invite chacun à suivre une ligne de conduite précise : pratiquer le doute et ne pas participer à des controverses stériles et destructrices. Bien plutôt, le Coran invite à suspendre son jugement, sa décision et sa réaction, le temps de vérifier et de sortir du doute. Il invite à ne pas suivre la nouvelle comme si elle était vraie et à ne pas la rejeter comme si elle était fausse mais à rester ouvert et prudent en vérifiant sa validité avant tout :

« Ô vous qui avez adhéré à la voie de Dieu ! Si quelqu’un de mal intentionné vous apporte une nouvelle, soyez prudents et mettez la situation au clair ; car si, par ignorance, vous nuisiez à certaines personnes, vous auriez à vous repentir d’avoir agi ainsi »

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِن جَاءَكُمْ فَاسِقٌ بِنَبَإٍ فَتَبَيَّنُوا أَن تُصِيبُوا قَوْمًا بِجَهَالَةٍ فَتُصْبِحُوا عَلَىٰ مَا فَعَلْتُمْ نَادِمِينَ

Coran 49 : 6.

Autrement dit, le Coran invite à pratiquer le bon doute en menant un test pratique – vérifier l’information et les preuves – pour sortir du doute et atteindre la certitude objective. Autrement dit, rejeter le mauvais doute est nécessaire pour mieux connaître la réalité et pour cultiver la paix et la confiance sociale. Rejeter tout ce qui ne correspond pas à la réalité n’est pas qu’un acte intellectuel. C’est aussi un devoir moral et social vital car il permet de garantir la confiance sociale.

En effet, si tout le monde peut diffamer ou porter des accusations graves sur les autres sans devoir produire de preuves ou de témoins, et en toute impunité, alors les tensions et les divisions se généraliseraient dans la société. C’est pourquoi Dieu, par exemple, pour dissuader les gens de diffamer les femmes en vue d’atteindre à leur intégrité, interdit toute accusation qui ne seraient pas confirmée par quatre témoins. Et si ces quatre témoins ne peuvent être réunis, l’accusation doit être sévèrement punie pour dissuader les gens de diffamer pour détruire les liens sociaux :

« Et ceux qui lancent des accusations contre des femmes honnêtes sans produire par la suite quatre témoins, fouettez-les de quatre-vingts coups de fouet, et n’acceptez plus jamais leur témoignage. Et ceux-là sont les pervers »

وَالَّذِينَ يَرْمُونَ الْمُحْصَنَاتِ ثُمَّ لَمْ يَأْتُوا بِأَرْبَعَةِ شُهَدَاءَ فَاجْلِدُوهُمْ ثَمَانِينَ جَلْدَةً وَلَا تَقْبَلُوا لَهُمْ شَهَادَةً أَبَدًا ۚ وَأُولَٰئِكَ هُمُ الْفَاسِقُونَ

Coran 24 : 4.

Dans les discussions entre amis ou entre opposants, on a tendance à débattre sur des questions métaphysiques, qui dépassent ce qu’on est capable d’observer directement avec les sens, sans aucune source fiable pour alimenter le débat. Dieu nous fait observer la façon de penser et de débattre de ces gens qui ne se basent sur aucune connaissance fiable :

« Or, il y a des gens qui discutent au sujet de Dieu sans aucune science, ni guide, ni Livre pour les éclairer »

وَمِنَ النَّاسِ مَن يُجَادِلُ فِي اللَّهِ بِغَيْرِ عِلْمٍ وَلَا هُدًى وَلَا كِتَابٍ مُّنِيرٍ

Coran 22 : 8.Coran 10 : 36.

Dieu invite l’être humain à dépasser cette tendance à se faire des opinions sur la base d’aucune connaissance fiable. L’opinion ou le doute infondé (ẓann) et l’ignorance ne doivent pas faire oublier la solidité de la réalité.

Par exemple, dans ces signes, on voit que celui qui est animé d’un mauvais doute, c’est celui qui fait de son doute un état passif, une vérité qui n’a pas besoin d’être vérifiée :

« La plupart d’entre eux ne suivent qu’al-ẓann (la croyance, les suppositions, l’opinion non-fondée). Mais al-ẓann ne sert à rien contre la vérité ! Dieu sait parfaitement ce qu’ils font »

وَمَا يَتَّبِعُ أَكْثَرُهُمْ إِلَّا ظَنًّا ۚ إِنَّ الظَّنَّ لَا يُغْنِي مِنَ الْحَقِّ شَيْئًا ۚ إِنَّ اللَّهَ عَلِيمٌ بِمَا يَفْعَلُونَ

Coran 53 : 27-28.

Par exemple, se convaincre que Dieu a créé des anges et qu’Il leur a donné des noms féminins, c’est une pure supposition. Rien ne peut le confirmer ou l’infirmer. Ni dans l’univers ni dans une aucune Révélation, nous ne pouvons trouver la preuve d’une telle idée. Dieu interpelle justement l’être humain pour qu’il ne base pas sa vie, sa pensée et son action sur des idées aussi infondées :

« Ceux qui ne sont pas convaincus par la vie dernière donnent aux anges des noms de femmes, alors qu’ils n’en ont aucune science : ils ne suivent que les suppositions, alors que les suppositions ne servent à rien contre la vérité »

إِنَّ الَّذِينَ لَا يُؤْمِنُونَ بِالْآخِرَةِ لَيُسَمُّونَ الْمَلَائِكَةَ تَسْمِيَةَ الْأُنثَىٰ

وَمَا لَهُم بِهِ مِنْ عِلْمٍ ۖ إِن يَتَّبِعُونَ إِلَّا الظَّنَّ ۖ وَإِنَّ الظَّنَّ لَا يُغْنِي مِنَ الْحَقِّ شَيْئًا

Coran 37 : 149-150.

A ceux qui ont tendance à spéculer, à tenir des discours invérifiables sur la religion, Dieu met au défi de fournir des preuves ou d’apporter des témoins pour appuyer leurs affirmations. Par exemple, certains débattent sur des questions métaphysiques et prennent parti sans avoir la moindre preuve du bien-fondé de leurs positions. Ont-ils la preuve, sont-ils témoins de ce qu’ils avancent ? Telle est la bonne question que Dieu nous invite à garder à l’esprit :

« Pose-leur donc la question : ‘’Ton Seigneur aurait-Il des filles et eux des fils ? Ou bien avons-Nous créé des anges de sexe féminin, et en sont-ils témoins ?’’ »

فَاسْتَفْتِهِمْ أَلِرَبِّكَ الْبَنَاتُ وَلَهُمُ الْبَنُونَ

Coran 37 : 149-150.

 « Et ils ont fait des anges qui sont les serviteurs du Miséricordieux des êtres féminins ! Etaient-ils témoins de leur création ? Leur témoignage sera alors inscrit ; et ils seront interrogés »

وَجَعَلُوا الْمَلَائِكَةَ الَّذِينَ هُمْ عِبَادُ الرَّحْمَٰنِ إِنَاثًا ۚ أَشَهِدُوا خَلْقَهُمْ ۚ سَتُكْتَبُ شَهَادَتُهُمْ وَيُسْأَلُونَ

Coran 43 : 19.

Il existe tellement de faux prophètes qu’il est normal de douter de la première personne qui se dit « prophète ». Mais il ne suffit pas de douter : encore faut-il exercer sa raison critique jusqu’au bout, avec sincérité, rigueur et méthode. Encore faut-il ne pas faire comme si on ne pouvait pas accéder à la vérité et vivre dans l’indifférence envers Dieu.

Par exemple, lorsque le prophète Joseph s’adresse à son peuple, il leur expose des preuves évidentes. Mais son peuple préfère faire comme s’il ne comprenait pas, comme si Joseph n’était pas un vrai prophète, sans vérifier le bien-fondé de son attitude. Et pourtant, à la mort de ce dernier, son peuple se dit : « Dieu n’enverra plus aucun messager après lui ! », reconnaissant ainsi, après coup, que c’était bien un prophète envoyé de Dieu. Son peuple a donc préféré pratiquer le mauvais doute, le doute qui permet de brouiller la différence entre l’erreur et la vérité, le doute qui permet de se complaire dans une pensée approximative et contradictoire :

« Déjà Joseph était venu à vous avec des preuves décisives et vous n’aviez pas cessé de mettre en doute ce qu’il vous apportait. Puis, lorsqu’il a disparu, vous vous êtes exclamés : ‘’Dieu n’enverra plus aucun messager après lui !’’ C’est ainsi que Dieu égare celui qui est transgresseur et qui doute »

وَلَقَدْ جَاءَكُمْ يُوسُفُ مِن قَبْلُ بِالْبَيِّنَاتِ فَمَا زِلْتُمْ فِي شَكٍّ مِّمَّا جَاءَكُم بِهِ ۖ حَتَّىٰ إِذَا هَلَكَ قُلْتُمْ لَن يَبْعَثَ اللَّهُ مِن بَعْدِهِ رَسُولًا ۚ كَذَٰلِكَ يُضِلُّ اللَّهُ مَنْ هُوَ مُسْرِفٌ مُّرْتَابٌ

Coran 40 : 34.

Il existe tellement de faux livres divins qu’il est normal de douter de la véracité du Coran. Il est permis de douter de la véracité du Coran. Il est même tout à fait normal de douter : comment faire la différence entre tous ceux qui prétendent posséder un Livre révélé ? Ce n’est possible que si on exerce un doute positif qui consiste à vérifier avec le plus d’objectivité possible. Ici, Dieu invite toutes les personnes qui doutent de la véracité du Coran à aller au bout de leur doute en passant des tests pratiques.

Par exemple, un premier test pratique consiste à vérifier si on a raison de rejeter le Coran en questionnant des personnes plus savantes qui connaissent les Livres révélés qui le précédent :

« Si tu es dans le doute au sujet de ce que Nous t’avons révélé, interroge alors ceux qui lisent le Livre révélé avant toi. C’est la Vérité qui te vient de ton Seigneur. Ne sois donc pas parmi ceux qui doutent ! Et ne sois jamais de ceux qui nient les signes de Dieu, sans quoi tu ferais partie des perdants »

فَإِن كُنتَ فِي شَكٍّ مِّمَّا أَنزَلْنَا إِلَيْكَ فَاسْأَلِ الَّذِينَ يَقْرَءُونَ الْكِتَابَ مِن قَبْلِكَ ۚ لَقَدْ جَاءَكَ الْحَقُّ مِن رَّبِّكَ فَلَا تَكُونَنَّ مِنَ الْمُمْتَرِينَ

وَلَا تَكُونَنَّ مِنَ الَّذِينَ كَذَّبُوا بِآيَاتِ اللَّهِ فَتَكُونَ مِنَ الْخَاسِرِينَ

Coran 10 : 94-95.

Par exemple, les enfants d’Israël ont douté de la Torah que Moïse leur transmettait au nom de Dieu. Au lieu de poser des questions de façon argumentée et méthodique, d’en rechercher les réponses, d’en vérifier la justesse et d’interroger les savants, ils ont préféré participer à la controverse au sujet du Livre, rester dans le flou et le doute, pour éviter d’être obligés de changer leur vie :

« Nous avons donné à Moïse le Livre, mais celui-ci a suscité des controverses. Si une sentence de ton Seigneur n’avait pas déjà été prononcée, leurs différends auraient été réglés ; mais ils sont restés dans un doute profond »

وَلَقَدْ آتَيْنَا مُوسَى الْكِتَابَ فَاخْتُلِفَ فِيهِ وَلَوْلَا كَلِمَةٌ سَبَقَتْ مِن رَّبِّكَ لَقُضِيَ بَيْنَهُمْ وَإِنَّهُمْ لَفِي شَكٍّ مِّنْهُ مُرِيبٍ

Coran 41 : 45.

Le second test pratique consiste à vérifier si on a raison de rejeter le Coran en recherchant des incohérences ou des contradictions dans le Texte :

« Pourquoi ne réfléchissent-ils pas attentivement sur le Coran ? Si celui-ci venait d’un autre que de Dieu, ils y auraient trouvé de nombreuses incohérences »

أَفَلَا يَتَدَبَّرُونَ الْقُرْآنَ ۚ وَلَوْ كَانَ مِنْ عِندِ غَيْرِ اللَّهِ لَوَجَدُوا فِيهِ اخْتِلَافًا كَثِير

Coran 10 : 94-95.

Le troisième test pratique consiste à reproduire un texte similaire au Coran. Car si le Coran est un livre écrit par un être humain alors d’autres êtres humains pourraient écrire, encore aujourd’hui, un texte similaire. Que ceux qui doutent du Coran se mettent alors à écrire un texte semblable, qui a le même pouvoir d’éclairer les sujets de la vie, avec cohérence et sagesse. Et qu’ils apportent des témoins qui peuvent confirmer que le Coran n’est pas un Livre divin :  

« Et si vous êtes dans le doute au sujet de ce que Nous avons révélé à Notre serviteur, essayez donc de composer une seule sourate semblable à une sourate du Coran, et faites venir les témoins que vous vous êtes donnés en dehors de Dieu, si vous êtes véridiques. Si vous n’y parvenez pas et, à coup sûr, vous n’y parviendrez jamais, craignez le feu qui a pour aliment les hommes et les pierres et qui est réservé aux gens de mauvaise foi »

وَإِن كُنتُمْ فِي رَيْبٍ مِّمَّا نَزَّلْنَا عَلَىٰ عَبْدِنَا فَأْتُوا بِسُورَةٍ مِّن مِّثْلِهِ وَادْعُوا شُهَدَاءَكُم مِّن دُونِ اللَّهِ إِن كُنتُمْ صَادِقِينَ

فَإِن لَّمْ تَفْعَلُوا وَلَن تَفْعَلُوا فَاتَّقُوا النَّارَ الَّتِي وَقُودُهَا النَّاسُ وَالْحِجَارَةُ ۖ أُعِدَّتْ لِلْكَافِرِينَ 

Coran 2 : 23-24.

Ainsi, le bon doute encourage à faire des tests pratiques, à vérifier concrètement et précisément si on a de bonnes raisons de rejeter ou de s’ouvrir à quelque chose de nouveau. Il encourage à s’ouvrir à des connaissances nouvelles fiables pour dissiper tout doute initial.

Ainsi, plus on se rapproche de la réalité, plus on se rapproche également de la vérité et de la sagesse que la religion nous invite à concrétiser dans la vie.

L’art de pratiquer le bon doute pour rejeter ce qui ne correspond pas à la réalité et s’ouvrir à une nouvelle connaissance

Le Coran cultive le bon doute en posant des questions sur la logique et la cohérence des croyances collectives. Par exemple :

 « Pose-leur donc la question : ‘’Ton Seigneur aurait-Il des filles et eux des fils ? »

فَاسْتَفْتِهِمْ أَلِرَبِّكَ الْبَنَاتُ وَلَهُمُ الْبَنُونَ

Coran 37 : 149.

« Votre Seigneur, aurait-Il réservé exclusivement pour vous des fils, et Lui, aurait-Il pris pour Lui des filles parmi les anges ? Vous prononcez là une parole monstrueuse »

أَفَأَصْفَاكُمْ رَبُّكُم بِالْبَنِينَ وَاتَّخَذَ مِنَ الْمَلَائِكَةِ إِنَاثًا ۚ إِنَّكُمْ لَتَقُولُونَ قَوْلًا عَظِيمًا

Coran 17 : 40.

« Ils ont donné à Dieu comme associés les jinns, alors que c’est Lui qui les a créés ; et, sur la base d’aucun savoir, ils ont inventé l’idée que Dieu a des fils et des filles. Gloire à Lui, Il est au-dessus de ce qu’ils lui attribuent ! »

وَجَعَلُوا لِلَّهِ شُرَكَاءَ الْجِنَّ وَخَلَقَهُمْ ۖ وَخَرَقُوا لَهُ بَنِينَ وَبَنَاتٍ بِغَيْرِ عِلْمٍ ۚ سُبْحَانَهُ وَتَعَالَىٰ عَمَّا يَصِفُونَ

Coran 6 : 100.

« Et parce qu’ils ont dit : ‘’Certes, nous avons tué le Messie, Jésus, fils de Marie, envoyé de Dieu’’. En fait, ils ne l’ont pas tué, ils ne l’ont pas crucifié, mais il leur a semblé qu’ils le faisaient. Ceux qui sont en désaccord à ce sujet restent dans le doute ; ils n’ont pas une connaissance certaine, mais ne font que suivre une conjecture. Assurément, ils ne l’ont pas tué »

وَقَوْلِهِمْ إِنَّا قَتَلْنَا الْمَسِيحَ عِيسَى ابْنَ مَرْيَمَ رَسُولَ اللَّهِ وَمَا قَتَلُوهُ وَمَا صَلَبُوهُ وَلَٰكِن شُبِّهَ لَهُمْ ۚ وَإِنَّ الَّذِينَ اخْتَلَفُوا فِيهِ لَفِي شَكٍّ مِّنْهُ ۚ مَا لَهُم بِهِ مِنْ عِلْمٍ إِلَّا اتِّبَاعَ الظَّنِّ ۚ وَمَا قَتَلُوهُ يَقِينًا

Coran 4 : 157.

« Pourquoi donc ceux qu’ils avaient choisis en dehors de Dieu comme divinités et intercesseurs ne les ont-ils pas secourus ? Bien au contraire, ils leur ont faussé compagnie, juste conséquence de leur imposture et de ce qu’ils avaient inventé ! »

فَلَوْلَا نَصَرَهُمُ الَّذِينَ اتَّخَذُوا مِن دُونِ اللَّهِ قُرْبَانًا آلِهَةً ۖ بَلْ ضَلُّوا عَنْهُمْ ۚ وَذَٰلِكَ إِفْكُهُمْ وَمَا كَانُوا يَفْتَرُونَ

Coran 46 : 28.

Ainsi, le bon doute, c’est le début de la connaissance : le moment où on se pose des questions et où on définit sa recherche. Le mauvais doute est la fin de la connaissance : l’arrêt de tout effort de réflexion au nom du fait qu’on doute.

En ce sens, selon Aristote, « Le doute est le commencement de la sagesse ». Le doute est à l’image d’une clé qui ouvre l’accès à la connaissance et à la sagesse. Pour découvrir une vérité ou une sagesse, on a besoin de douter et de se poser des questions. C’est ce qui fait dire à Léonard de Vinci que « Qui ne doute pas acquiert peu ». C’est aussi ce qui fait dire à Francis Bacon que « Le doute est l’école de la vérité » : c’est en remettant en question les croyances religieuses, politiques, économiques et culturelles… du jour que l’on peut apprendre à découvrir une vérité jusque-là inaccessible, à cause du conformisme social.

En ce sens, le prophète Muhammad (paix sur lui) montre le chemin à celui qui veut sortir de l’ignorance, à savoir se poser questions pour entrer progressivement dans la connaissance :

« Le remède contre l’ignorance, c’est le questionnement »

Hadîth rapporté par Jâbir dans Abû Dâûd et ibn Mâjâ.

Plus encore, chercher à connaître une vérité ou une sagesse, c’est passer du doute à la certitude, de la question à la réponse.

Le doute est donc le début et non pas la finalité de la connaissance et de la sagesse. Le doute permet d’ouvrir la porte de la connaissance. Mais on progresse en connaissance et en sagesse à mesure que l’on transforme ses doutes et ses questions en réponses fiables, objectives et universelles.

Le doute permanent est un mauvais doute, car c’est un obstacle à la connaissance, à l’action et à la vie

Le doute peut avoir des conséquences contraires : soit pousser à rechercher des réponses, soit à se contenter de douter et d’ignorer les réponses à ses questions. Le doute peut avoir pour effet pervers d’empêcher de chercher, de penser, d’agir et de vivre.

Par exemple, quand un étudiant doute de son choix scolaire et professionnel, il a tendance à être paralysé, à déprimer et à se désengager de ses études. Il est comme suspendu, incapable d’étudier, d’agir voire même de vivre pleinement.

De la même manière qu’il n’est pas possible ni souhaitable de faire le grand ménage tous les jours, plusieurs fois par jour, il n’est ni possible ni souhaitable de douter de tout, tout le temps.

Car douter de tout, tout le temps, ce n’est pas une forme de connaissance ou de sagesse. C’est plutôt une forme de pessimisme ou de paresse du cœur et de la raison. C’est une forme d’autocensure qui consiste à arrêter de faire marcher son intelligence au nom du doute.

C’est pourquoi Descartes ne recommande pas de douter en permanence, mais de prendre le soin de pratiquer le grand doute au moins une fois dans sa vie :

« Pour examiner la vérité, il est besoin, une fois dans sa vie, de mettre toutes choses en doute autant qu’il se peut »

Descartes, Discours de la méthode.

Ainsi, douter en permanence est un obstacle à la connaissance, à l’action et à la vie. C’est ce qui fait dire à Napoléon que « Le doute est l’ennemi des grandes entreprises ».

Dans le couple moderne, le doute est une pratique quotidienne. « Est-ce que je l’aime vraiment ? Est-ce que je suis épanoui dans mon couple ? Est-ce que je ne suis pas en train de renoncer à mon rêve pour rester en sécurité dans mon couple… » : voilà le genre de questions que n’importe quel psy ou coach recommande de se poser pour savoir si on doit ou non s’engager dans son couple ou se séparer.

Le problème, c’est que ces questions conduisent à douter en permanence de son couple. On ne cultive pas un doute une fois dans sa vie pour prendre une décision grave – se marier ou divorcer –, mais on se les pose régulièrement, ce qui plonge le couple dans l’incertitude quotidienne. À tout moment, on peut douter de l’autre si le sentiment d’amour et de bien-être sont à la baisse. À tout moment, on peut se séparer de l’autre. C’est ce qui fait du couple moderne un couple jetable, prêt à être jeté à tout moment. C’est la légitimation du doute permanent – du waswas ou d’idées insidieuses –, au nom de l’Amour, de l’Indépendance et du Bonheur, qui a causé la généralisation de la peur de l’engagement, de la séparation et du divorce.

Le doute peut donc être une maladie qui affecte l’esprit en poussant à devenir parano, à avoir peur de tout, à se méfier de tout, à ne pas voir ce qu’on voit, à ne pas savoir ce qu’on sait, à perdre confiance en soi et dans les autres, à être paralysé dans sa vie scolaire, professionnelle et familiale… 

La postmodernité est arrivée au bout du doute généralisé. Elle doute des idoles, des croyances, des idées et des valeurs de la modernité : la Raison, le Progrès, le Développement économique… La postmodernité est le signe d’une époque qui ne croit plus en rien et qui tombe dans la dépression généralisée.

Le mauvais doute est un instrument utilisé pour faire douter les autres…

Lorsqu’Adam et Eve (paix sur eux)sont au Paradis, Dieu les invite à jouir de toutes les bonnes choses sauf d’un seul arbre dont ils ne doivent pas s’approcher. La parole de Dieu est claire : tout est bon, tout est à leur disposition au Paradis, sauf un seul arbre. S’ils y touchent, ils tombent dans une injustice. Adam et Eve ne se posent pas de question sur cet arbre interdit : cet arbre ne représente rien, comparé à tout le champ du permis au Paradis.

Shayṭān va insuffler le doute dans leur cœur en leur disant en quelque sorte : « A votre avis, pourquoi Dieu vous a-t-il interdit de toucher à cet arbre ? Voulez-vous que je vous révèle le secret que Dieu vous cache ? Toucher à cet arbre va vous donner le pouvoir d’être éternel, à l’image des anges et de Dieu. C’est pour ça que Dieu vous a interdit d’y toucher ». 

Ainsi, comme on le voit bien à travers l’exemple de shayṭān, encourager le doute, ce peut être un moyen de manipuler l’autre en le coupant d’un bien, d’une vérité ou de quelque chose qui a de la valeur.

Le doute ne conduit pas naturellement vers la connaissance. Le doute peut très bien conduire à l’opposé : à la disposition à croire dans la superstition, dans la magie, dans l’erreur ou dans le complot paranoïaque… Le doute ne conduit pas toujours à libérer l’esprit. Au contraire, il peut l’emprisonner dans le rejet de tout et dans le refuge dans une nouvelle erreur.

Dans la Fable Le corbeau et le renard, La Fontaine raconte l’histoire d’un renard qui flatte un corbeau pour lui faire ouvrir le bec et faire ainsi tomber le fromage qu’il tenait. Le corbeau content d’entendre ces flatteries, ouvre effectivement son bec et fait tomber son fromage.

Imaginons maintenant que le renard ne réussisse pas à convaincre le corbeau par la flatterie, à lâcher son formage. Par quelle autre technique de manipulation pourrait-il obtenir ce qu’il veut, le fromage qui est entre le bec du corbeau ? Par le doute.

En effet, on peut manipuler l’autre en jetant le doute sur lui, sur sa valeur ou sur la valeur de ce qu’il possède. En ce sens, le renard pourrait manipuler le corbeau en jetant le doute sur la qualité du fromage qu’il tient entre le bec. Il dirait ainsi : « Sais-tu que ce fromage est toxique ? Beaucoup d’oiseaux sont morts ces derniers jours, parce qu’ils ont mangé du fromage ».

Dans cette version imaginaire de la Fable, le doute est une arme qui permet de faire douter l’autre pour le faire tomber ou pour lui voler ce qui a de la valeur. C’est un instrument politique, un moyen de tromper, de dominer et de soumettre. Tout se passe comme si le renard encourageait le corbeau à douter de sa capacité à être libre, comme si le fort encourageait le faible à douter de lui-même, comme si le dominant incrustait le sentiment d’infériorité et d’incapacité à être autonome chez le dominé. Tout se passe comme si le doute était un moyen de faire douter l’autre et de lui faire perdre ses moyens.

C’est ce qui fait dire au président américain Truman : « Si vous ne pouvez les convaincre, semez le doute dans leur esprit ». C’est ce qui fait dire à Voltaire que « Toute secte, en quelque genre que ce puisse être, est le ralliement du doute et de l’erreur ».

Ainsi, bien souvent, tout se passe comme si ceux qui utilisent le doute ou qui poussent l’autre à douter de lui, mais qui refusent de douter de leurs propres certitudes, sont dans une forme de manipulation.

Par exemple, dans la vie sociale, un homme vole de l’argent dans la poche de son ami. L’amitié agit comme une anesthésie qui empêche d’être rapidement conscient de ce qui se passe. Pendant que son ami est dans le doute, le voleur lui ajoute du doute : « Ne laisse pas shayṭān t’inspirer de mauvaises pensées sur ton frère. Tu ne dois pas oublier ton devoir de fraternité et de bonté envers moi ». Ainsi le voleur jette le doute sur sa victime, sur la fidélité de la victime au devoir de fraternité et de bonté. Autrement dit, il la culpabilise pour éviter de se faire attraper…

Par exemple, quand Voltaire affirme que « Le doute est un état mental désagréable, mais la certitude est ridicule », il veut dire qu’il vaut mieux douter, même si c’est désagréable, plutôt que d’avoir une certitude absurde. Pourtant, Voltaire est plein de certitudes : Dieu existe-t-il ? Non, il ne doute pas de sa certitude. La religion – toutes les religions – est-elle une bonne chose pour la société ? Non, il ne doute pas de sa certitude. La raison n’a rien à découvrir de la religion pour connaître la réalité du monde ? Non. Il est certain que la raison doit fonctionner sans s’intéresser à la religion révélée.

Pourquoi donc ce paradoxe : ceux qui poussent les autres à douter, à renoncer à toute certitude, sont eux-mêmes pleins de certitude ? Ceux qui ont reproché au christianisme d’être trop plein de certitudes, qui lui ont répété la nécessité de douter, se sont fait appeler « les Lumières », par opposition aux autres qui étaient dans « l’obscurantisme ». Mais peut-on douter des Lumières ? Peut-on questionner telle ou telle idée des Lumières sans passer pour un obscurantiste ? 

Bizarrement, ceux qui font l’éloge du doute comme chemin vers « les Lumières » sont intolérants envers le doute qui pourraient les concerner. Ce paradoxe s’observe aujourd’hui même dans le discours scientifique. En effet, certaines théories scientifiques sont politiquement imposées comme des croyances dont il est interdit de douter. En ce sens, douter de la théorie de l’évolution de Darwin est un blasphème contre la sainte religion de la certitude scientifique. De la même façon, pendant près d’un siècle, il fallait absolument croire en Freud, au nom de la science et de la modernité. Et il fallait douter de tous ceux qui en doutaient, les suspecter d’avoir des idées intolérables derrière la tête.

Ce paradoxe s’observe aussi dans le discours tenu aux musulmans aujourd’hui. En effet, on a tendance à donner des leçons au musulman, à lui enseigner « le doute » sur sa religion, sur le Coran, sur ses convictions… Mais qu’un musulman doute du fonctionnement de la justice, d’une information diffusée dans les médias, d’une décision du gouvernement ou des représentants musulmans que l’Etat a imposés aux musulmans…, on ne parle plus de doute mais de « manque d’intégration », de « manque d’amour de la France », de « manque de respect de la Laïcité » voire de « théorie du complot » et de « séparatisme ».

On a tendance à semer le doute sur l’islam et sur les musulmans. On a tendance à douter systématiquement de la bonne foi du musulman : on le suspecte de « taqîyyah » ou de duplicité, de « double discours » ou d’« ambiguïté », trois formules qui sous entendent la même idée de tromperie. La suspicion pèse sur le musulman :

« Le musulman est malin, il ne dit pas ce qu’il pense et ce qu’il dit, il ne le pense pas. Il ne faut pas lui faire confiance car sa religion le pousse à pratiquer la dissimulation et le mensonge dans ses relations avec les infidèles ».

Certains, par peur de voir l’islam et les musulmans « remplacer » la culture et la population françaises préexistantes, sont en train de diffuser désespérément le doute sur les musulmans pour contenir l’attractivité de l’islam, pour détruire la confiance et le soutien social dont jouissent les musulmans.

D’ailleurs, le doute est aussi une technique politique qui a un nom : le « FUD » ou Fear, Uncertainty and Doubt (peur, incertitude et doute). Cette technique est utilisée dans la guerre militaire, politique mais aussi économique et culturelle, pour influencer l’opinion publique en diffusant sur son concurrent ou son ennemi, des informations négatives, inspirant la peur et le discrédit, en vue de le couper de ses partisans, alliés, soutiens, partenaires ou clients.

Conclusion

Le Coran a vocation à civiliser l’Homme en réformant son intelligence et en l’initiant à penser de façon juste. Distinguer le bon et le mauvais doute est décisif pour apprendre à penser de façon juste.

Le mauvais doute est une arme que Shayṭān utilise pour séparer l’Homme de Dieu, l’homme de la femme, les jeunes des vieux, la communauté de la société plus large, la société de l’ensemble de la famille humaine. Il utilise le mauvais doute pour plonger le monde dans une crise de confiance, dans le manque de connaissance mutuelle, dans le rejet mutuel, bref, pour l’éloigner de Dieu, de la réalité et de la sagesse.

Choisir de douter de tout, tout le temps, c’est faire du doute un mode de pensée ou plutôt un moyen de ne pas avoir à penser ; c’est choisir de ne pas chercher à connaître ; c’est choisir de continuer à avoir une opinion personnelle sans la confronter aux faits et à la preuve. Douter sans rechercher, c’est valoriser l’ignorance plus que la connaissance, la bêtise plus que la sagesse.

A l’inverse, savoir, c’est dépasser le doute, tout comme être courageux, c’est dépasser la peur. C’est le sens de la formule de Confucius :

« Celui qui sait ne doute pas ; celui qui est bon n’est pas inquiet ; celui qui est brave n’a pas peur ».



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