Je donne pour financer le travail intellectuel sur l’islam
Le travail intellectuel sur l’islam : le nouvel orphelin
L’esprit musulman est emprisonné dans une bulle qui se réduit à quelques sujets polémiques : le voile, le halâl, le terrorisme et l’islamophobie… Lorsqu’il cherche une alternative, il est là encore, emprisonné dans une bulle de solutions qui séduisent plus qu’elles ne contribuent à faire face à nos défis communs : se former à l’art de parler en public, lancer un site de rencontres « muqâbalah » ou vanter la Malaisie qui aurait trouvé la solution à tous les problèmes…
Lorsqu’on a un problème ou une question liée à comment l’islam peut se concrétiser dans notre vie, on croit souvent qu’il suffit de les poser à un shaykh, imâm ou conférencier pour avoir la réponse suffisante.
Mais en réalité, une question telle que Comment enseigner la sagesse du Coran à ma fille en primaire, au collège ou au lycée ? nécessite une réponse englobante qui passe par la production de livres éducatifs pour que les parents et les éducateurs puissent accompagner l’enfant sur la durée, selon les questions de son âge.
On se pose plein de questions communes : comment créer du lien de fraternité et de solidarité au sein de la diversité musulmane et avec l’ensemble de la société ? Comment rassembler les étudiants autour de sujets de réflexion et de projets utiles aux musulmans et à la société ? Comment faire dialoguer la vision qu’offre le Coran sur le monde avec celle des sciences de l’Homme et de la nature ? Comment animer une halaqah dans sa famille ou en petit groupe, sur plusieurs années… ?
Ces questions ne peuvent pas être traitées sous la forme de questions-réponses mais d’un programme de réflexion, de recherche, de traduction, de publication, d’expérimentation et d’action collective. Elles doivent être traitées dans le cadre d’un vrai programme de recherche utile sur l’islam, c’est-à-dire sur ce que l’islam a d’essentiel à nous dire pour nous éclairer sur nos défis prioritaires.
La pensée islamique anglo-saxonne a produit plein de recherches, de propositions et de réponses à des questions que nous nous posons en France également. Par exemple, la question Quelle vision islamique pour le programme d’éducation et les manuels à utiliser dans une école musulmane ? ou encore En quoi l’islam est une initiation à l’esprit critique ? peut trouver des réponses à travers divers livres théoriques et pratiques.
Le musulman français a plus de 50 ans de retard par rapport à la pensée islamique anglo-saxonne. Ses questions vitales restent orphelines, sans grand monde pour les prendre en charge sur le plan intellectuel et financier.
Or il faut des millions d’euros pour rattraper ce retard et conduire des projets de recherche, de traduction et de production intellectuelle en réponse aux défis pratiques prioritaires des musulmans français, et plus largement, aux défis communs de la société et du monde actuel.
La recherche sur l’islam : un Bien commun
Les réponses aux questions que se posent les familles, les écoles, les associations, les étudiants, les chercheurs ou les cadres…, nécessitent une recherche et une réflexion collectives. La recherche ou la production intellectuelle est un Bien commun, un bien que seul le collectif peut réaliser.
Agir pour le Bien commun, c’est accepter de se donner gratuitement tout en étant réaliste : la gratuité a une grande valeur, elle n’a pas de prix mais ça a un coût ; ça engage des dépenses. Par exemple, demander à un traducteur de donner 6 mois de sa vie pour traduire un livre ; demander à un intellectuel de donner 2 ans pour produire une réflexion pratique qui réponde aux besoins des musulmans ou à ceux de notre époque…, ça nécessite un soutien financier. Autrement, ces personnes n’ont pas la capacité à libérer leur temps personnel et à se consacrer aux projets qu’on leur propose.
En général, ce n’est pas une activité rentable ou qui permet de tirer des bénéfices économiques directs. C’est pourquoi, partout dans le monde, la recherche est d’abord soutenue financièrement par l’Etat, les grandes entreprises et les grands donateurs.
Dans la civilisation islamique, grâce aux impôts de l’Etat et grâce aux Awqâf ou aux fondations qui récoltaient l’argent de grands donateurs, la production intellectuelle a pu être financée.
En France, en jetant le soupçon sur « le financement étranger de l’islam », on a diffusé l’amalgame selon lequel « financement étranger = financement du terrorisme », alors que tous les gouvernements, les institutions, les entreprises et les grandes associations ont des financements qu’on ne qualifie pas d’« étrangers » mais d’ « internationaux ». En criminalisant « l’étranger » au lieu de cibler les organisations criminelles, c’est la liberté de financer des projets portés par des musulmans qui est interdite.
En l’absence de cette liberté de jouir de financements internationaux et étatiques, ce sont les musulmans ordinaires français qui doivent se mobiliser pour participer au financement de projets de recherche, de traductions et de productions intellectuelles.
La recherche n’est pas un luxe : c’est ce qui permet de trouver des solutions aux questions sans réponses et aux problèmes qui nous font mal aujourd’hui.
La sadaqah et la zakah : un moyen de servir le Bien commun
Dieu invite chacun à partager sa richesse, chacun selon ses moyens, à donner et à se donner gratuitement, sincèrement, pour Lui, pour le Bien commun, indépendamment de ses intérêts personnels et financiers :
« Ô vous qui avez adhéré à la voie de Dieu ! Donnez (au service du Bien) une partie de ce que Nous vous avons offert, avant que ne vienne le jour où il n’y aura ni marchandage ni amitié ni personne autorisé à parler en faveur d’un autre pour le défendre. Et ce sont les ingrats les vrais injustes » .
Coran 2 : 254
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا أَنفِقُوا مِمَّا رَزَقْنَاكُم مِّن قَبْلِ أَن يَأْتِيَ يَوْمٌ لَّا بَيْعٌ فِيهِ وَلَا خُلَّةٌ وَلَا شَفَاعَةٌ ۗ وَالْكَافِرُونَ هُمُ الظَّالِمُونَ
La sadaqah – le don – et la zakât al-mâl – l’impôt qui consiste à partager une partie de ses biens ou de son salaire –, c’est une façon de se purifier et de participer au Bien commun. En effet, donner, c’est se purifier de l’égoïsme, de la tentation de la domination ou de l’indifférence à l’égard des autres. Donner, c’est aussi participer à corriger les négligences, à résister aux injustices et à relever les défis communs.
Chacun a quelque chose d’utile et de gratuit à donner aux autres : un sourire, une présence, une aide, un conseil, une connaissance ou de l’argent… Chacun sa façon de partager sa richesse : chacun sa sadaqah et sa zakah.
Plus que jamais, les musulmans français ont besoin d’utiliser l’argent des dons et de la zakah pour mieux faire face aux drames spirituels, moraux et intellectuels humains, aux questions existentielles que l’on se pose à 18 ans, et pour mieux faire face aux défis communs. L’avenir des musulmans français, des plus jeunes, des étudiants, des chercheurs et des parents…, dépend directement de la bonne façon d’utiliser l’argent donné pour financer le travail spirituel, culturel et intellectuel.
L’institut Islam actuel lance un programme de recherche utile, de traduction et de publication. Votre don, sous la forme d’une sadaqah ou de la zakah, va nous servir à financer 4 projets utiles : venez les découvrir…
Vous avez bien raison. On investit ailleurs souvent sans trop se poser de question. Merci pour ce rappel et merci d’avoir expliqué les raisons derrière votre appel aux dons. J’espère que d’autres suivront.