Ḥalāl, Ṭayyib et Ḥarām – حلال طيّب و حرام


 Cet article est un extrait du livre Mohamed Oudihat, Les Concepts du Coran

Dieu a mis à la disposition de l’être humain tout ce qui est dans la vie

Dieu a donné une valeur unique à l’être humain. Il lui a confié le dépôt de la terre et l’a invité à jouir de toutes les bonnes choses qu’Il lui a offertes : 

O vous qui avez adhéré

يَا أَيُّهَا النَّاسُ إِنَّا خَلَقْنَاكُم مِّن ذَكَرٍ وَأُنثَىٰ وَجَعَلْنَاكُمْ شُعُوبًا وَقَبَائِلَ لِتَعَارَفُوا ۚ إِنَّ أَكْرَمَكُمْ عِندَ اللَّهِ أَتْقَاكُمْ ۚ إِنَّ اللَّهَ عَلِيمٌ خَبِيرٌ

Coran 1:1

A l’origine, tout est permis (ḥalāl), car tout est bon. En islam, il n’y a pas de péché originel, mais une permission originelle. L’interdit n’est qu’une limite exceptionnelle donnée aux hommes pour les préserver de l’excès et de l’injustice. 

Le ḥalāl et le ṭayyib

Quand on cherche à plaire à Dieu, on se pose une question : dans tout ce qui existe, qu’est-ce que Dieu nous permet de jouir ? Voici la réponse :

« Ils t’interrogent sur ce qui leur est permis. Dis : “Tout ce qui est bon (al-ṭayyibāt) vous est permis. Vous pouvez aussi manger, après avoir invoqué sur lui le Nom de Dieu, le gibier saisi par les animaux de proie que vous avez dressés, comme les chiens de chasse, d’après ce que Dieu vous a enseigné. Et craignez Dieu. Car Dieu est rapide dans les comptes.” »

يَسْأَلُونَكَ مَاذَا أُحِلَّ لَهُمْ ۖ قُلْ أُحِلَّ لَكُمُ الطَّيِّبَاتُ ۙ وَمَا عَلَّمْتُم مِّنَ الْجَوَارِحِ مُكَلِّبِينَ تُعَلِّمُونَهُنَّ مِمَّا عَلَّمَكُمُ اللَّهُ ۖ فَكُلُوا مِمَّا أَمْسَكْنَ عَلَيْكُمْ وَاذْكُرُوا اسْمَ اللَّهِ عَلَيْهِ 
وَاتَّقُوا اللَّهَ ۚ إِنَّ اللَّهَ سَرِيعُ الْحِسَابِ

 Coran 5 : 4

Ainsi, tout ce qui est bon (ṭayyib) est permis (ḥalāl).

Pourquoi, dans le Coran, Dieu combine-t-il très souvent l’idée de ḥalāl (ce qui est permis) avec celle de ṭayyib (ce qui est bon, sain) ?

En fait, le ḥalāl et le ṭayyib sont un couple conceptuel inséparable. Une chose bonne ne peut pas et ne doit pas être interdite. Et inversement, une chose mauvaise ne peut pas et ne doit pas être permise. 

Il y a une exception : le cas où une chose est ḥalāl, mais pas ṭayyib, pas bonne ou pas saine. Par exemple, en se focalisant sur le ḥalāl et en oubliant le ṭayyib, on prend la mauvaise habitude de manger une nourriture industrielle et fast food ḥalāl, mais pas très ṭayyib, pas bonne pour la santé ainsi que pour l’écosystème social et naturel. En effet, en plus d’abîmer le corps, la nourriture industrielle et fast food abîme « le corps social », en remplaçant le repas de famille par le repas individualiste ; elle abîme également les animaux et l’écosystème naturel en adoptant des méthodes agricoles agressives. 

Le ṭayyib (ce qui est bon) est toujours ḥalāl (permis) tandis que le ḥalāl n’est pas toujours ṭayyib. Le Coran nous invite à rechercher le ḥalāl ṭayyib et non pas simplement le ḥalāl.

Le ḥalāl et le ḥarām

Comment distinguer ce qui est permis de ce qui est interdit ? Sur quoi se base cette distinction ?

Dieu n’agit pas de façon arbitraire envers sa création. Il agit avec l’univers à travers une sunnah, un modèle d’action ou des règles, ou encore une loi universelle. Il agit avec l’être humain sous la forme d’un pacte originel, d’une Invitation/Da‘wah à vivre selon la justice, et d’un Rappel à la sagesse. Il ne fixe pas des interdits et des permissions de façon irrationnelle et injuste. De la même manière, l’univers n’agit pas non plus de façon arbitraire : le soleil, les étoiles ou les anges agissent tous conformément à la volonté de Dieu, donc de la loi universelle. 

L’arbitraire ne se trouve que chez l’être humain qui, parce qu’il est libre de faire le bien et le mal, n’agit pas toujours de façon raisonnable et sage. C’est pourquoi certains se permettent ou s’interdisent des choses sans raison logique, indépendamment du critère du bien et du mal. Dieu interpelle ainsi ceux qui jugent et agissent selon l’arbitraire et les passions aveugles :

« Ô vous qui avez adhéré à la voie de Dieu ! Ne déclarez pas interdites les bonnes choses que Dieu vous a permises. Et ne transgressez pas. Dieu n’aime pas les transgresseurs. » « Ô vous qui avez adhéré à la voie de Dieu ! Ne déclarez pas interdites les bonnes choses que Dieu vous a permises. Et ne transgressez pas. Dieu n’aime pas les transgresseurs. » 

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تُحَرِّمُوا طَيِّبَاتِ مَا أَحَلَّ اللَّهُ لَكُمْ وَلَا تَعْتَدُوا إِنَّ اللَّهَ لَا يُحِبُّ الْمُعْتَدِينَ

 Coran 5 : 87

Alors quelle est la raison pour laquelle Dieu interdit ce qu’Il interdit et permet ce qu’Il permet ? 

C’est parce qu’une chose est bonne qu’elle est permise. Et à l’inverse, c’est parce qu’une chose est mauvaise qu’elle est interdite. Autrement dit, si Dieu nous interdit quelque chose, c’est pour préserver la santé, la raison, la moralité ou la dignité, l’individu, la famille, la société, les générations actuelles ou futures, etc., contre un mal apparent ou caché. Et Dieu connaît mieux que l’homme ce qui est bon et mauvais pour sa vie :

« Dis : “Mon Seigneur n’a interdit que les actions honteuses, qu’elles soient apparentes ou cachées, le mal et la violence injuste, comme Il vous a interdit d’associer à Dieu ce dont Il n’a fait descendre aucune preuve, et de parler au sujet de Dieu alors que vous n’en avez aucune connaissance.” » 

قُلْ إِنَّمَا حَرَّمَ رَبِّيَ الْفَوَاحِشَ مَا ظَهَرَ مِنْهَا وَمَا بَطَنَ وَالْإِثْمَ وَالْبَغْيَ بِغَيْرِ الْحَقِّ وَأَن تُشْرِكُوا بِاللَّهِ مَا لَمْ يُنَزِّلْ بِهِ سُلْطَانًا وَأَن تَقُولُوا عَلَى اللَّهِ مَا لَا تَعْلَمُونَ

 Coran 7 : 33

L’interdit n’est pas une tentative de la religion, d’empêcher de jouir de quelque chose de bon et de sain. C’est une limite exceptionnelle qui vise à préserver l’homme d’un mal qui risque de l’affecter. 

Dieu énonce les quelques interdits alimentaires qui se justifient en ce qu’ils apportent plus de mal que de bien. Mais en cas de nécessité extrême, on peut consommer ce qui est interdit dans le but de préserver sa vie. En effet, quand on risque de perdre sa vie, manger ce qui est interdit est un mal moindre que de se laisser mourir de faim. Et Dieu est Miséricordieux : Il ne tiendra pas rigueur de cette transgression. Enfin, est interdite également toute bête égorgée pour une divinité autre que Dieu. Pourquoi ? Car c’est Dieu qui offre toutes ces bonnes choses à manger. Remercier un autre que Dieu est injuste. Chacun est invité à remercier Dieu et à Lui témoigner de la gratitude pour toutes les bonnes choses qu’il lui est donné de jouir :

« Ô vous qui avez adhéré à la voie de Dieu ! Mangez les bonnes choses que Nous vous avons offertes. Et remerciez Dieu, si c’est Lui que vous servez. Certes, Il vous interdit la chair d’une bête morte, le sang, la viande de porc et ce sur quoi on a invoqué un autre nom que Dieu. Il n’y a pas de mal pour celui qui est contraint par nécessité (de les consommer) sans toutefois abuser ni transgresser, car Dieu est plein de pardon et de miséricorde. »

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا كُلُوا مِن طَيِّبَاتِ مَا رَزَقْنَاكُمْ وَاشْكُرُوا لِلَّهِ إِن كُنتُمْ إِيَّاهُ تَعْبُدُونَ
إِنَّمَا حَرَّمَ عَلَيْكُمُ الْمَيْتَةَ وَالدَّمَ وَلَحْمَ الْخِنزِيرِ وَمَا أُهِلَّ بِهِ لِغَيْرِ اللَّهِ 
فَمَنِ اضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلَا عَادٍ فَلَا إِثْمَ عَلَيْهِ ۚ إِنَّ اللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ

 Coran 2 : 170-173

Dieu est Miséricordieux, car Il met tout à notre disposition, car Il nous précise ce qui est bon parmi tout ce qu’il est possible de manger, et Il précise ce qui est interdit, car le mal qu’il contient est plus grand que le bien éventuel, et enfin, Il nous précise qu’il est possible de transgresser l’interdit en cas de nécessité vitale. 

En somme, n’importe quel être humain peut comprendre et appliquer ce principe général qui permet de distinguer le bon du mauvais, même si, pour éclairer les cas plus complexes, il y a besoin de consulter plus savant que soi.

Comment faire quand le bien et le mal sont l’un dans l’autre ?

Il y a des cas où la distinction du bien et du mal est facile à faire. Il en est d’autres où une chose peut contenir à la fois du bon et du mauvais. Il est alors plus difficile de juger. Si « tout n’est pas mauvais » dans une chose, est-ce un bon critère pour se permettre de la consommer, de l’utiliser, de la pratiquer ou de la suivre ? A l’inverse, si une chose contient une part de mauvais, est-ce un bon critère pour la rejeter et se l’interdire ?

Le Coran nous offre le moyen de développer le discernement à travers l’exemple des boissons alcoolisées et des jeux de hasard :

« Ils t’interrogent sur les boissons enivrantes (le vin, l’alcool…) et les jeux de hasard. Dis : “Dans les deux il y a un grand mal et quelques avantages pour les gens. Mais dans les deux, leur nuisance est plus grande que leur utilité.” (…). » 

يَسْأَلُونَكَ عَنِ الْخَمْرِ وَالْمَيْسِرِ ۖ قُلْ فِيهِمَا إِثْمٌ كَبِيرٌ وَمَنَافِعُ لِلنَّاسِ وَإِثْمُهُمَا أَكْبَرُ مِن نَّفْعِهِمَا ۗ 

 Coran 2 : 219

Tout n’est pas mauvais dans l’alcool, dans le vin et dans les jeux de hasard : il y a un bien. Mais le mal qu’ils contiennent ou qu’ils provoquent est plus important que le bien que nous pourrions en tirer. En effet, ils provoquent beaucoup de conflits dans les familles et avec les autres. C’est une grande cause de maladies, d’accidents, de violences, d’endettement et d’injustice :

« Le diable ne veut que provoquer parmi vous l’hostilité et la haine au moyen du vin et du jeu de hasard, et vous détourner du souvenir de Dieu et de la prière. N’allez-vous donc pas arrêter ? »

إِنَّمَا يُرِيدُ الشَّيْطَانُ أَن يُوقِعَ بَيْنَكُمُ الْعَدَاوَةَ وَالْبَغْضَاءَ فِي الْخَمْرِ وَالْمَيْسِرِ وَيَصُدَّكُمْ عَن ذِكْرِ اللَّهِ وَعَنِ الصَّلَاةِ ۖ فَهَلْ أَنتُم مُّنتَهُونَ

 Coran 5 : 91

Le vin, l’alcool et les jeux de hasard apportent plus de mal que de bien : ne faut-il donc pas arrêter ? C’est la question que la Révélation introduit dans le débat public.

Les savants musulmans, notamment dans la science des uṣūl al-fiqh (fondements du droit), se sont basés sur ces principes coraniques pour affirmer qu’en transformant le vin en vinaigre, l’interdiction n’a plus lieu d’être. Pourquoi ? Car le vinaigre est transformé et a changé de nature : il n’a plus la propriété d’enivrer. 

Voir le bien et le mal dans le monde réel

La distinction du ḥalāl, du ṭayyib et du ḥarām est importante à faire non seulement dans la consommation de la viande, mais aussi dans tout ce que l’on consomme, et même plus largement, dans toutes nos activités. Le Coran évoque l’exemple des jeux de hasard à côté de celui de l’alcool. Les jeux de hasard sont un sujet qui dépasse le champ de la consommation alimentaire, et qui illustre la même sagesse appliquée dans la façon de se divertir. 

La sagesse nous invite à vivre selon la conscience de ce qui est bon et mauvais, dans toutes les situations de la vie. La vocation de l’islam, c’est de former une personne bonne (ṭayyibah), capable de vivre selon la vertu :

« Quiconque, homme ou femme, agit pour le Bien tout en ayant adhéré à la voie de Dieu, Nous lui ferons vivre une bonne vie. Et Nous le récompenserons, certes, en fonction de ses meilleures actions. »

مَنْ عَمِلَ صَالِحًا مِّن ذَكَرٍ أَوْ أُنثَىٰ وَهُوَ مُؤْمِنٌ فَلَنُحْيِيَنَّهُ حَيَاةً طَيِّبَةً ۖ وَلَنَجْزِيَنَّهُمْ أَجْرَهُم بِأَحْسَنِ مَا كَانُوا يَعْمَلُونَ

 Coran 16 : 97

Ce qui est bon ne doit pas être confondu avec tout ce qui brille, qui est à la mode ou majoritaire dans la société :

« Dis : “Le mauvais et le bon ne se valent pas, même si l’abondance du mal te séduit. Craignez Dieu, donc, vous qui êtes doués d’intelligence, afin que vous réussissiez.” » 

قُل لَّا يَسْتَوِي الْخَبِيثُ وَالطَّيِّبُ وَلَوْ أَعْجَبَكَ كَثْرَةُ الْخَبِيثِ ۚ فَاتَّقُوا اللَّهَ يَا أُولِي الْأَلْبَابِ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ 

 Coran 5 : 100

Il y a aussi la bonne parole qui a une bonne racine et qui donne de bons fruits :

« N’as-tu pas vu comment Dieu propose l’exemple d’une bonne parole pareille à un bel arbre dont la racine est ferme et les branches sont bien élancées dans le ciel ? » 

أَلَمْ تَرَ كَيْفَ ضَرَبَ اللَّهُ مَثَلًا كَلِمَةً طَيِّبَةً كَشَجَرَةٍ طَيِّبَةٍ أَصْلُهَا ثَابِتٌ وَفَرْعُهَا فِي السَّمَاءِ

 Coran 14 : 24

Il y a l’action bonne qui se joue, par exemple, dans la façon de gérer l’héritage de l’orphelin dont on a la responsabilité :

« Et rendez aux orphelins leurs biens. Ne remplacez pas ce qui est bon par ce qui est mauvais. Ne consommez pas leurs biens comme s’ils étaient les vôtres : c’est vraiment une grande injustice. »

وَآتُوا الْيَتَامَىٰ أَمْوَالَهُمْ ۖ وَلَا تَتَبَدَّلُوا الْخَبِيثَ بِالطَّيِّبِ 
وَلَا تَأْكُلُوا أَمْوَالَهُمْ إِلَىٰ أَمْوَالِكُمْ ۚ إِنَّهُ كَانَ حُوبًا كَبِيرًا

 Coran 4 : 1-3

Il y a des personnes bonnes et d’autres mauvaises. Dieu nous révèle que pour trouver « la bonne personne » pour se marier, il faut choisir une personne bonne :

« Les femmes mauvaises sont pour les hommes mauvais, et les hommes mauvais sont pour les femmes mauvaises. De même, les femmes bien sont pour les hommes bien et les hommes bien sont pour les femmes bien. Ceux-ci seront tenus innocents des diffamations lancées contre eux. Le pardon leur est acquis, ainsi qu’une généreuse récompense. »

الْخَبِيثَاتُ لِلْخَبِيثِينَ وَالْخَبِيثُونَ لِلْخَبِيثَاتِ وَالطَّيِّبَاتُ لِلطَّيِّبِينَ وَالطَّيِّبُونَ لِلطَّيِّبَاتِ أُولَٰئِكَ مُبَرَّءُونَ مِمَّا يَقُولُونَ لَهُم مَّغْفِرَةٌ وَرِزْقٌ كَرِيمٌ

 Coran 24 : 26
  • Exemples dans le Coran 

En signe de bonté et d’amour, Dieu a mis à la disposition de l’être humain tout ce qui est dans le ciel et sur la terre, pour qu’il puisse en jouir en toute innocence : 

« Ô vous les gens ! Mangez de ce que la terre vous offre de permis (ḥalālā) et de bon (ṭayyibā). ! Ne suivez pas les traces de shayṭān qui est votre ennemi déclaré. »

يَا أَيُّهَا النَّاسُ كُلُوا مِمَّا فِي الْأَرْضِ حَلَالًا طَيِّبًا وَلَا تَتَّبِعُوا خُطُوَاتِ الشَّيْطَانِ 
إِنَّهُ لَكُمْ عَدُوٌّ مُّبِينٌ

 Coran 2 : 168

Le terme ḥarām signifie interdit, mais également « sacré » au sens de quelque chose qu’il est interdit de violer. Par exemple, dans ce signe, Dieu évoque le mois sacré (shahr al-ḥarām) pendant lesquel il est totalement interdit de se battre. Il évoque également la mosquée sacrée (masjid al-ḥarām) à La Mecque :

« Et ils t’interrogent au sujet du combat pendant le mois sacré. Dis : “Y combattre est une grave injustice. Mais empêcher que les gens cheminent vers Dieu, être de mauvaise foi envers Dieu, détourner les fidèles de la mosquée sacrée et expulser de là ses habitants : tout cela est plus grave encore pour Dieu. Car al-fitnah (le fait de persécuter les gens pour les empêcher de suivre leur religion) est plus grave que le meurtre.” »

يَسْأَلُونَكَ عَنِ الشَّهْرِ الْحَرَامِ قِتَالٍ فِيهِ ۖ قُلْ قِتَالٌ فِيهِ كَبِيرٌ ۖ وَصَدٌّ عَن سَبِيلِ اللَّهِ وَكُفْرٌ بِهِ وَالْمَسْجِدِ الْحَرَامِ وَإِخْرَاجُ أَهْلِهِ مِنْهُ أَكْبَرُ عِندَ اللَّهِ ۚ وَالْفِتْنَةُ أَكْبَرُ مِنَ الْقَتْلِ

 Coran 2 : 217

En ce sens, la vie de l’être humain est sacrée : il est interdit de tuer de façon arbitraire. C’est le premier commandement enseigné par le prophète Moïse (paix sur lui) aux enfants d’Israël :

« Voilà pourquoi Nous avons prescrit aux fils d’Israël : “Si quelqu’un tue une personne sans qu’il y ait eu meurtre ou violence commise sur la terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes ; et si quelqu’un sauve une vie, c’est comme s’il avait sauvé toute l’humanité.” Bien que Nos envoyés soient venus à eux avec des preuves évidentes, beaucoup d’entre eux ont ensuite commis des excès sur la terre. »

مِنْ أَجْلِ ذَٰلِكَ كَتَبْنَا عَلَىٰ بَنِي إِسْرَائِيلَ أَنَّهُ مَن قَتَلَ نَفْسًا بِغَيْرِ نَفْسٍ أَوْ فَسَادٍ فِي الْأَرْضِ فَكَأَنَّمَا قَتَلَ النَّاسَ جَمِيعًا وَمَنْ أَحْيَاهَا فَكَأَنَّمَا أَحْيَا النَّاسَ جَمِيعًا وَلَقَدْ جَاءَتْهُمْ رُسُلُنَا بِالْبَيِّنَاتِ ثُمَّ إِنَّ كَثِيرًا مِّنْهُم بَعْدَ ذَٰلِكَ فِي الْأَرْضِ لَمُسْرِفُونَ 

 Coran 5 : 32
  • Écosystème conceptuel

Dieu a placé l’être humain sur terre, comme un Khalīfah, un vice-gérant libre et responsable de ce qui s’y passe. Tout est à sa disposition (al-taskhīr), pour qu’il puisse en jouir en toute innocence. La vie est un cadeau de Dieu, un signe de son amour pour l’homme (al-raḥmah). Au-delà de cette jouissance, il a une mission à réaliser : al-‘Umrân, transformer la terre en un Jardin ; former une civilisation humaine juste. 

Équipé de sa fiṭrah, du bon sens, de sa raison, d’un cœur et de ses sens…, l’être humain est appelé à distinguer le bien du mal en lui et autour de lui. Le bien et le mal se retrouvent dans toutes les situations de la vie. Adorer et servir Dieu, c’est se demander : dans nos modes de soin, de transport, d’éducation, d’information, de gouvernance…, quelles sont les pratiques qui produisent plus de mal que de bien dans la société ?

Par ailleurs, le ḥalāl (le permis) doit être compris avec le ṭayyib (le bon) : est permis tout ce qui est bon. Permettre la consommation, la jouissance, l’utilisation ou la pratique d’une chose qui apporte plus de mal que de bien, est le signe d’un manque de bon sens, de logique, d’éthique ou de sagesse. L’islam est la grande Invitation ou Da‘wah à retrouver la voie du bon sens, de la logique, de l’éthique et de la sagesse.

  • Erreurs habituelles de traduction

Il n’y a pas d’erreur habituelle de traduction. Ceci dit, le ḥalāl est souvent réduit dans sa compréhension, en lien avec la viande, alors qu’il concerne toutes les choses de la vie. 

  • Garder le mot arabe en phonétique et l’expliquer

Garder le mot « ḥalāl » en phonétique et l’expliquer ainsi : c’est le permis ou le licite. La première formule semble meilleure, car plus simple, tandis que la seconde renvoie à un vocabulaire plus technique et juridique.

Garder le mot « ṭayyib » en phonétique et l’expliquer ainsi : c’est ce qui est bon, sain. 

Garder le mot « ḥarām » en phonétique et l’expliquer ainsi : c’est ce qui est interdit ou illicite. La première formule semble meilleure, car plus simple, tandis que la seconde renvoie à un vocabulaire plus technique et juridique. Selon le contexte à l’intérieur du Coran, ḥarām peut signifier ce qui est sacré et donc interdit, inviolable. 

  • Concepts proches

L’interdit (al-ḥarām), c’est tout ce qui est mauvais ou malsain (khabīth, sharr, ithm) ; c’est tout ce qui est injustice (ẓulm), faute morale ou légale (dhanb, khaṭī’ah), mauvaise action (sayyi’ah, munkar, makrūh) ; c’est toute forme de bassesse morale (faḥshā). 

Le permis, c’est tout ce qui est bon ou sain (ṭayyib, khayr), et ce qui est juste (qisṭ).

  • Concepts contraires 

Le ḥarām (l’interdit) est le contraire du ḥalāl (le permis). Le khabīth (mauvais, malsain) est le contraire du ṭayyib (bon, sain) et du khayr (bien). 

La conception coranique du ḥalāl est très différente de l’idée chrétienne de péché originel hérité de génération en génération. Le monde est bon et innocent. À tout moment, l’être humain peut faire un mal, mais aussi le stopper, dans sa personne ou dans la société. À tout moment, il peut se purifier (tazkiyah al-nafs) et réformer (al-iṣlāḥ) sa société. 

La conception coranique du ḥalāl est aussi très différente de l’idée juive du « casher » qui a tendance à voir un monde plein d’interdits, et à définir le permis comme ce que les rabbins désignent comme tel. Autrement dit, l’idée coranique du ḥalāl est beaucoup moins restrictive que l’idée juive du « casher » : elle conçoit l’interdit comme une exception et non pas comme l’état général des choses. C’est pourquoi l’industrie du ḥalāl ne doit pas se développer en imitant aveuglément les conceptions trop restrictives ou libérales du permis et de l’interdit. 

Par ailleurs, observer et réfléchir sur le monde, ce n’est pas chercher à tout classer selon que les choses, les pratiques ou les personnes sont « modernes » ou « traditionnelles ». Ces catégories ne permettent pas de juger du monde en profondeur et avec justesse. En effet, une chose, une pratique ou une personne peut être moderne et injuste, ou alors traditionnelle et bonne, ou inversement. D’autant qu’aucune personne, communauté ou époque traditionnelle passée et moderne n’a le monopole du bien ou du mal. Le Coran invite la famille humaine à voir le monde selon d’autres critères : ce qui importe, ce n’est pas le caractère « traditionnel » ou « moderne », mais la part de bien et de vérité ou au contraire, la part de mal et d’erreur. Cette distinction n’est pas toujours binaire : elle est souvent complexe. C’est tout l’intérêt de s’initier à la sagesse (al-ḥikmah) pour apprendre à bien voir le monde.  


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